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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Ici est la Force… Et nous avons construit cette force

Discours historique de Jean-Luc Mélenchon
●Au soir des résultats du 1er tour de la Présidentielle 2022●


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Une nouvelle page du combat s'ouvre.
Vous l’aborderez, nous l’aborderons dans la fierté du travail accompli.
Cette force immense que nous avons construite de nos mains, tant de fois, sous le mépris et les insultes… Mais elle est là.
Et pour chaque étape, elle est là si vous décidez de la préserver, de l'entourer comme vous l'avez fait jusqu'à cette heure et en dépit de tout.


Ce matin, il faisait beau à Marseille…
Sur la mer fuyante, les rayons du soleil bondissaient d'une vague à l'autre.

Ce matin, tandis que je me préparais à entrer dans cet événement dont je ne savais rien, me sont arrivés bientôt les échos de l'Oyapock, frontière française sur le Brésil…
Et puis ceux du Maroni…
Et puis ceux de la Martinique…
Et puis ceux de la Guadeloupe…
Et puis ceux de la Réunion…
Qui dès le premier tour, dès le premier tour, m’élisaient pour leur Président.

Et j'ai vu dans leurs décisions ce qu'elles signifiaient pleinement et entièrement. L'état dans lequel se trouvent la patrie et son peuple sur tous les points du territoire : un état d'exaspération et le sentiment d'être entré dans un état d'urgence écologique, social et maintenant, encore une fois, nous le voyons ce soir, un état d'urgence politique.

Car le tableau, le tableau que vous avez sous les yeux, tel qu'il a été voulu non de notre fait, ni même du fait du peuple français, mais des institutions de la cinquième République et de cet étrange système de tirage au sort qui aboutit à vous demander de choisir entre deux maux dont vous sentez à la fois qu'ils sont terribles pour vous-mêmes et qu'ils ne sont pas de même nature.

Et chacun d'entre vous se trouve mis au pied du mur de sa conscience, de la décision qu'il doit prendre.
C'est la condition humaine d'être sans cesse confronté à des décisions qui sont souvent difficiles à prendre.


Eh bien, la dernière fois, que s'est-il passé ? Je vous ai dit ce que je vous redirai.
Non, je connais votre colère, mes compatriotes, vous tous dont j'ai parlé il y a quelques instants.
Je connais votre colère. Ne vous abandonnez pas à ce qu'elle vienne à vous faire commettre des erreurs qui seraient définitivement irréparables.

Tant que la vie continue, le combat continue !
Et c'est mon devoir de vous dire, comme étant le plus ancien d'entre vous, que la seule tâche qu'on a à se donner, c'est celle qu’accomplit le mythe de Sisyphe : la pierre retombe en bas du ravin, alors on la remonte.


Vous n'êtes plus faibles, ni sans moyens.
Vous êtes en état de mener cette bataille, et la suivante, et la suivante autant qu'il y en aura.
Regardez-moi : je n'ai jamais lâché prise, je n'ai jamais cédé, je n'ai jamais baissé le regard et c'est de cette façon-là que nous avons construit cette force.

Alors maintenant, c'est à vous de faire.
Dans la bataille qui arrive, nous avons constitué le Pôle populaire. Parce qu'il était là, toutes sortes de gens ont pu prendre appui dessus pour faire un vote et nous amener jusqu'à ce point.

Les batailles arrivent devant vous.
Ne commettons pas l'erreur de nous fourvoyer à peine entrés sur le chemin.

Nous savons pour qui nous ne voterons jamais.
Et pour le reste, comme je vous l'ai dit, il y a cinq ans. Vous souvenez-vous qu'il y a eu quelques dégâts après notre déclaration ? Pour qui prendrait-on les Français ? Ils sont incapables de savoir quoi faire ? Ils sont capables de décider ce qui est bon pour le pays.

Jamais nous ne perdrons notre confiance dans la démocratie. Donc vous ne devez pas donner une voix à madame Le Pen.

Alors je le sais bien, je répète parce que des fois, il arrive que même quand je dis les choses, c'est comme si je ne les avais pas dites.

Alors je recommence à cet endroit du film : il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen… Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen… Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen…
Voilà, je crois que le message pour cette partie a été entendu.

Alors maintenant, qu'allons-nous faire ? On va ouvrir la page et les 310 000 personnes qui m'ont parrainé donneront leur point de vue.


Ceci posé, ne nous cachons pas la violence de la déception.
La violence de la déception, elle est d'abord en pensant à tout ce qui aurait été entrepris et qui ne le sera pas. Et ceci, plus que le reste, me cuit.
Ce que je me préparais à faire; ce que je croyais immédiatement à portée de main; les belles équipes dont nous disposons et qui étaient prêtes à se déployer pour assumer toutes les tâches qu'il y avait à assumer.

Oui, c'est une déception. Mais en même temps, comment se cacher ? Je suis comme vous, entre les deux. Comment se cacher, aussi, la fierté du travail accompli ?
Le Pôle populaire existe… Si nous n’y étions pas, que resterait-il ?
Qu’aurions-nous ? Rien. Et nous avons construit cette force...


Je m’adresse à vous qui êtes ici dans cette salle, non pour vous tenir les propos lénifiants de réconfort ou de bonne mine qu’il faudrait avoir.
Je n’ai ni bonne mine ni envie d’être réconforté.
Je ne connais que mon devoir, et je vous appelle à faire de même : La lutte continue… La lutte continue !


Nous disons à tous ceux qui jusque-là n’ont pas voulu l’entendre : ici est la Force !

Nous avons une stratégie : le Pôle populaire.
Nous avons un programme.
Nous avons devant nous d’autres élections.
Nous tiendrons à chaque étape, notre rang.
Réfléchissez-y!

Alors bien sûr, les plus jeunes vont me dire : « Eh ben… On n’y est pas encore arrivé ? »

C’est pas loin, hein ?

Faites-mieux!

Merci


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●10 avril 2022●
Paris, France



Ad Valorem


Rédigé par PSA le 11/04/2022 à 11:27



Christiane Taubira sait effectivement donner des réponses franches, une grande radicalité qui fait sa personnalité ainsi que la force de son caractère bien trempé.


Taubira, la Franche Candidate
Taubira, la Franche Candidate


Souvent, très souvent même, l’histoire coince avant de redémarrer vers l’avenir. Cette dimension est devenue une tradition dans les élections importantes des démocraties. À son niveau, la Droite républicaine vient d’en faire l’expérience. Elle a fini par se donner une candidature féminine de réel potentiel unitaire : Valérie Pécresse. Et alors, l’histoire à redémarrer vers l’espoir…

La gauche française, sociale-démocrate, populaire et écologiste, réussira-t-elle à relever le même défi de l’unité ? Chose impossible disent particulièrement l’écologiste Yannick Jadot et le populaire Jean-Luc Mélenchon pour justifier leur travail à la base, commencé depuis bien longtemps. Ils sont convaincus que l’union ne se fera point avec les têtes de liste et les leaders des partis politiques.

Dans un tel climat de récriminations exacerbé pas de petites phrases assassines, à la publication du moindre sondage d’opinion politique sur les premières intentions de vote, a fini par fermenter le besoin de dialogue ou l’envie de rapprochement dans la grande famille de gauche. La posture de François Hollande jetant l’huile sur le feu, par endroit, celle de Ségolène Royale devenue médiane et « disponible » ou le positionnement clair-obscur de Manuel Valls, pas plus que le naufrage annoncé de l’illustre candidate parisienne Anne Hidalgo, n’ont aucunement apaisé la nécessité du recentrage à gauche.

Une élection ne se gagne pas seulement avec les idées ; une présidentielle se gagne de plus en plus par les symboles ou par dépits. Trop souvent les citoyens, les déçus des professionnels de la politique finissent par choisir le moindre risque s’ils ne peuvent trouver l’incarnation de l’espoir et de la fierté dans la personne à élire à la tête de leur pays. C’est le souverain recours aux symboles qui s’affirme de plus en plus dans les sociétés démocratiques, chaque fois que la désunion est persistante.

À leur manière, Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Emmanuel Macron et même Jean-Luc Mélenchon sont des symboles encore luisants de la présidentielle française de 2022. C’est à ce titre qu’il va falloir compter Christine Taubira désormais. Mieux que quiconque, Christiane Taubira incarne la totalité dans la rhétorique de l’engagement citoyen de la gauche française.


Taubira l’envers de Hollande
Taubira l’envers de Hollande


Candidate en 2002, elle s’est contenue par la suite en enrichissant ses convictions, sans jamais renoncer à une France inclusive « en ces temps nauséabonds où le débat présidentiel reste largement dominé par les thématiques d’extrême droite » ajouterait Paul Quino de Libération. Pour autant, rien n’est acquis pour Christiane Taubira qui a toute une pente à remonter, du fait même qu’elle s’est décidée de manière quasi tardive.

Comment des partis et mouvements politiques ayant fait leur devoir de bâtir des plateformes électorales vont-ils se désister sans faire des sérieux mécontents dans leurs rangs ? Toute la question sur la problématique de l’union de la gauche française est là…

Le défi de l’unité, pour éviter d’être une candidate de trop, se pose réellement à Christiane Taubira. C’est probablement cette conscience qui a motivé sa déclaration, en toute prudence : « J’envisage d’être candidate à l’élection présidentielle de la République française. »

Quoi qu’il en soit, Christiane Taubira est plus qu’un symbole. Non seulement qu’elle est femme de principe -l’envers des gens peu convaincus, elle est surtout un totem de ralliement et de détermination qui peut glaner des voix presque partout, et fasciner large en sincérité comme jamais auparavant. Christiane Taubira sait effectivement donner des réponses franches, une grande radicalité qui fait sa personnalité ainsi que la force de son caractère bien trempé.

La franchise gagne du terrain en politique, après tant d’incapacité à dire et à faire vrai chez de nombreux politiciens. Au fond, Emmanuel Macron, ses tergiversations et positionnements, son dilettantisme et ses atermoiements ont fini par accroître l’offre de candidature à la présidentielle, alors que lui-même pensait assurer sa réélection en se retrouvant en face de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle d’avril 2022. Impossible dorénavant… Le jeu est encore plus ouvert. Manifestement, l’histoire donne une autre réponse à l’appel du présent : impossible n’est pas français.

Il demeure que Christiane Taubira a un slogan de campagne bien forgée à son image d’une personne fidèle et entière : "Pour une France franche, je vote Taubira". C’est probablement la franchise des politiques qui va débloquer une certaine histoire de la France, celle qui fait ancrage dans l’avenir et l’espoir à la fois.


PSA

Ad Valorem


Rédigé par PSA le 19/12/2021 à 10:00



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