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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le cas Abdoulaye Wade facine et intrigue à la fois. Ici, l’effet miroir est un effet Wade omniprésent. C’est à croire qu’il est actuellement en état de nuire et de faire mal aux constuitutionalistes qu’à la gente de la science administrative, en plus de laisser perplexes tous les observateurs. Ainsi, L’Aurore (Wal Fadjri) nous apprend que : « (…) à y voir de près, dans ce projet de loi, l’on relève des incohérences et incongruités comme il n’y en a jamais eu par le passé. D’abord, il n’est fait mention, dans aucune Constitution au monde, de l’ordre de préséance, contrairement au texte du projet de loi instituant un vice-président, ajouté à l’article 26 de la Constitution : ‘Le vice-président occupe, dans l’ordre de préséance, le deuxième rang…’. De l’avis de tous les constitutionnalistes interpellés, c’est la première fois dans l’histoire du droit constitutionnel que la notion de préséance est mentionnée dans une Constitution. » et de poursuivre : « A propos de cette partie du texte (‘le vice-président occupe, dans l’ordre de préséance, le deuxième rang…’), le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Madické Niang, en réponse aux députés de l’opposition qui ont qualifié ce poste ‘d’institution trop inutile et sans apport réel’, a indiqué qu’il ne ‘s’agit ici nullement d’une nouvelle institution de la République’. Or, l’article 6 de la constitution dispose que ‘les institutions de la République sont : le président de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat, le gouvernement, le Conseil constitutionnel, la Cour suprême, la Cour de cassation, la Cour des comptes et les Cours et tribunaux’. Alors quand le vice-président occupe le deuxième rang après le chef de l’Etat, c’est dans l’ordre de quelle préséance si ce n’est celle des autres institutions que sont les deux chambres du Parlement, le gouvernement, etc. Cela veut dire qu’il est bel et bien une institution de la République qui coiffe le président du Sénat bien que ce dernier soit chargé d’assurer l’intérim du chef de l’Etat en cas de vacance du pouvoir, le président de l’Assemblée nationale, le Gouvernement et le Judiciaire. » RFI aussi semble bien reporter la nouvelle avec un brin de perplexité que restititue ici Jean-Baptiste Placca dans son billet de la semaine… L’image que donne le président Wade par les temps qui courent est assez nette et inquiétante.


Joseph Misraki
Joseph Misraki
Après neuf ans de pouvoir, Abdoulaye Wade dit avoir besoin, pour faire face à ses innombrables obligations, d’un vice-président. Après tout, cela peut se comprendre, de la part d’un chef d’Etat aujourd’hui âgé de 83 ans, qui non seulement est très sollicité, mais sait s’inviter dans tous les dossiers continentaux et partout où il s’estime indispensable. La fonction de vice-président, telle que définie par le chef de l’Etat, est une coquille vide, même si le titulaire arrivera en second, dans la hiérarchie protocolaire de l’Etat. Il sera nommé et révoqué par le président, et ses attributions seront celles que celui-ci voudra bien lui déléguer.
Dans un Sénégal suspicieux à l’égard de la plus anodine des décisions présidentielles, ce projet suscite d’autant plus d’émoi que les indices se sont accumulés, ces dernières semaines, qui confortent la crainte de voir Abdoulaye Wade imposer un de ses rejetons pour lui succéder.
Ainsi de l’entrée de Karim Wade au gouvernement, début mai, avec un portefeuille aussi exorbitant qu’incongru : ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures ! En privé, quelques membres du camp présidentiel – sans doute des jaloux – prétendent que le fils est « ministre de tout ce qui est important et peut rapporter beaucoup d’argent ».
« On a mal ! On est choqués, parce qu’on croyait que cela ne pouvait arriver que dans les autres pays », entend-on, à voix de moins en moins basse, à Dakar et dans la diaspora sénégalaise.
Après le débarquement, sur ordre, du président de l’Assemblée nationale, puis la sortie, en catimini, d’un ministre du gouvernement, pour cause de passé judiciaire encombrant, trois jours après sa nomination, voilà donc un poste de vice-président pour le confort du chef de l’Etat ! Beaucoup s’interrogent sur la pertinence, sinon sur la lucidité de ces décisions à la chaîne, qui tranchent avec l’image de cette administration rayonnante qui faisait naguère la fierté de l’Etat au Sénégal.
Les Sénégalais en sont à demander à leur président de faire la preuve de sa bonne foi. « Que mijotez-vous par rapport à cette vice-présidence ? Président Wade, vice-président Wade ? N’est-ce pas un peu beaucoup ? » Même Jacques Chirac aurait déconseillé à son ami Eyadéma de confier la présidence de l’Assemblée nationale à un de ses fils.
Alors, si ce n’est pas pour Karim, c’est donc pour Idrissa Seck, l’enfant prodige tout juste rentré au bercail, qui s’engagerait, en contrepartie, à protéger… « son » jeune frère ?
Sauf que, au regard de la férocité dont on est capable au sein de cette famille-là, nul ne peut jurer de ce que vaudra une promesse faite à Abdoulaye Wade, lorsque celui-ci ne serait plus …en état de nuire.//// J-B Placca, RFI


Silence


Rédigé par psa le 18/05/2009 à 18:18
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