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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le réveil d’Obama dans les sondages illustre une des figures chéries de l’imaginaire américain, le come-back kid. Le sénateur de l’Illinois marque des points contre la sénatrice de New York. Pourra-t-il combler son retard avant le début des primaires démocrates, le 3 janvier?


Willem Drost, Bethsabée recevant la lettre de David
Willem Drost, Bethsabée recevant la lettre de David
En août, une équipe de chercheurs de Californie et Pennsylvanie a passé au scanner le cerveau de l’électeur américain indécis : d’après le New York Times, Rudy Giuliani et Mitt Romney, côté républicain, provoquaient de l’anxiété. Dans le camp démocrate, Hillary Clinton suscitait de fortes réactions d’attirance et de répulsion, mais Barack Obama générait peu d’activité cérébrale et émotionnelle.
C’était le problème du jeune sénateur noir de l’Illinois : le charisme qui avait fait de lui la vedette de la convention démocrate en 2004 semblait s’être dilué dans la prudence et les platitudes du candidat à la Maison-Blanche. Or, c’est fini : à cinquante jours du début des primaires, l’étoile montante du Parti démocrate a réveillé sa campagne et, semble-t-il, l’intérêt du public. Obama s’accroche à trois points seulement de Hillary Clinton dans l’Iowa et il a refait la moitié de son retard dans le New Hampshire (11 points, contre 21 il y a un mois). Samedi, il a impressionné 9 000 militants réunis à Des Moines avec un discours enfin passionné : «J’en ai plus qu’assez que les démocrates s’imaginent passer pour des durs en parlant et en votant comme Bush. Lorsque je serai votre nominé, mon adversaire ne pourra pas dire que j’ai soutenu la guerre en Irak ou que j’ai donné à Bush le bénéfice du doute sur l’Iran.»
(…) La nouveauté est que son «message d’espoir» fait écho à la principale critique portée contre Hillary Clinton : elle serait le symbole de «l’establishment washingtonien», un reflet démocrate de George W. Bush, et n’offrirait qu’un retour de balancier vers les années Clinton. Obama, par contraste, représente une chance «de dépasser la querelle de famille interminable et pernicieuse que se livre la génération du baby-boom» depuis la guerre du Vietnam, estime le magazine The Atlantic.
À la lumière de cette promesse, certains handicaps du sénateur se changent en atouts. Aux membres de la communauté afro-américaine (12,5 % de la population) qui jugent ce métis «pas assez noir», Ronald Walters, ancien directeur de campagne du révérend Jesse Jackson, rétorque : «La question est de savoir s’il est assez blanc.» Son ton mesuré suscite parfois l’ennui ? Au moins n’est-il pas «menaçant» : «Un Noir ne peut pas se permettre d’être en colère dans l’Amérique blanche», assure Mary Pattillo, professeur à Northwestern University. Son inexpérience serait le gage «d’une nouvelle façon de faire de la politique». Et «si je deviens le visage de la puissance et de la politique étrangère américaines», veut croire Obama, la réconciliation avec le reste du monde suivra. Même le caractère historique de l’accession d’une femme à la Maison-Blanche est relativisé par la possibilité d’élire un Noir.
Barack Obama est encore loin du but. «Il nous reste 50 jours pour passer un contrat avec l’Amérique», dit-il. Les «fondamentaux» de sa campagne sont en place : 80 millions de dollars, une armée de supporteurs motivés, un discours de changement. Reste à savoir si les Américains sont prêts à parier «sur l’espoir, contre la peur».
Philippe Gelie, Le Figaro

PS: En réalité, il reste 44 jours avant le début des primaires.

Ad Valorem


Rédigé par psa le 20/11/2007 à 13:28