Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Jaques Leinne, Papillon de Nuit
Jaques Leinne, Papillon de Nuit
La théorie et l’irréalisme des uns commencent à coûter cher à la collectivité. Car, les abstractions ne sont pas sans effets : elles opèrent des dommages quotidiens. C’est ce qui est observable à l’échelle de la politique togolaise dans laquelle certains sont manifestement décollés de la réalité pour errer dans la théorisation excessive. Les appartenances immédiates sont ainsi devenues réactives et ne s’inscrivent plus dans la durée, encore moins dans un souci de résultat. On tourne en rond, pourvu que l’on se réclame de cette opposition là, pourvu que l’on se déclare loin de la fameuse mangeoire. L’immédiateté a ainsi sclérosé la pensée réflexive chez les politiques togolais que leurs allégeances partisanes ont fini par provoquer un divorce quasi définitif entre ces acteurs et le bon sens; le simple bon sens ne semble plus de mise lorsque l’on se reconnait opposant togolais. Cet état de léthargie jouissif et de rêve éveillé est assez visible à l’œil nu par les temps qui courent; les présidentielles étant annoncées pour le premier trimestre 2010. Du coup les intelligences se déchaînent et la trouvaille vaut bien son pesant de neurones nécrosées: une candidature unique pour l’opposition togolaise. Évidemment, ces genres d’idées ressortent avec cette conviction persistante que l’évolution politique se ferait le Grand soir d’une élection et surtout, quelques jours après, lorsque rendez-vous sera donné pour une passation de service entre un nouveau président de la République et le sortant. C’est curieux! Il en existe encore qui pensent que l’évolution politique au Togo passe avant tout par des élections. Ce n’est toujours pas l’avis d’autres comme moi. Les faits le démontrent amplement, qu’aucun rendez-vous ne sera donné en mars prochain, disons le vendredi 19 mars 2010 à 10 :00 au Palais de congrès de Lomé, avec la «Mise en place» terminée à 9 :00 selon la formule consacrée, et ce, pour une passation du pouvoir entre Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio. Pas encore! Et surtout pas dans ce climat délétère sans aucune passerelle de respect, de dialogue et de confiance, sans que l’on ne soit capable de s’entendre sur le moindre dénominateur commun qu’impose à tout bon sens l’observation de cette triste réalité conflictuelle permanente! C’est pourquoi il faut littéralement sortir les réflexions des mêmes sentiers déjà empruntés pour envisager véritablement autre chose pour faire évoluer le Togo. Quoi faire? Essentiellement, se rapprocher les uns des autres et négocier un compromis réaliste, large et consensuel. Dans les démocraties, les parlements veulent dire quelque chose; mais encore… Au Togo, la présence au parlement signifie quelque chose, probablement, mais pas grand-chose et ce n’est surtout pas la preuve de la démocratie. Dans cette zone politique hybride de l’apprentissage de la démocratie, il faut s’élever suffisamment pour voir au-delà de ces cercles d’appartenance immédiate, foncièrement partisans et un brin ethnique voire servilement régionaliste, clanique et familial. Pas cet Accord politique global qui fut utile et initiatique en son temps mais ne pourrait tout régenter, mais un Compromis togolais qui rappellerait aux uns et aux autres le sens du dépassement. Il serait ainsi grand temps que des stratégies gagnantes tenant compte du pays et non des individus soient élaborées par ces opposants restés des légendes abonnées aux insuccès et qui tardent à devenir des Hommes d’État. Et sans ouvrir une guerre de génération, 2010 est une dernière chance pour cette cohorte de politiciens légendaires et particulièrement inefficaces. Il est temps de sortir de cet irréel fantasmagorique qui n’est plus drôle pour qui que ce soit, lorsque l’on n’a pas les moyens, ni la compétence et le charisme de renverser la vapeur depuis des décennies. L’idéal serait même de ne pas voir aucune de ces personnes dans le portrait comme candidats aux prochaines présidentielles. Mais évidemment, ce serait trop leur demander. Allez-y donc, et en Unique ou en Multiple, et en retour d’Ascenseur ou en course de Zémidjan, mais après, s’il vous plait, collez la sainte paix à ce peuple meurtri qui a terminé sa «Mise en place» pour votre départ… Il attend, il refuse et il se prête moins aux sauteries d’une autre époque. Sa foi fait moins loi; ses enfants ont trop péri. Merci pour tout! Merci quand même!


Mot à Maux


Rédigé par psa le 24/06/2009 à 01:05
Tags : 2010 togo élections Notez