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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Vol Air France, de Paris à Detroit du mercredi, l’essentiel du personnel au sol fait tout pour vous faire rater l’avion. On est bien à Paris, le siège de la compagnie Air France KLM, le personnel manque. Horreur! Le personnel enthousiaste et compétent encore et davantage au fur et à mesure que l’heure et le quai d’embarquement s’approchent. Mot de passe : « Vous pouvez vous plaindre !» Du Principe de Peter à la Loi de Parkinson, pourquoi tant d’incompétents nous entourent et nous gouvernent? Euh…. Euh… Disons…Les individus les plus sages sont aussi généralement les plus humbles et parfois les plus discrets, n’arrivant même pas à se vendre ou à se faire connaitre pour être recruter. Socrate ne disait-il pas «je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien»? Ou comme le rappelle le proverbe chinois, moins on en sait, plus on a confiance en soi. Et surtout, que nous savons bien que la meilleure manière de ne pas risquer d’affronter des rivaux, c’est encore d’engager des incompétents autour de soi. Fils à papa, ils veulent aussi des gens du réseau, dociles et protecteurs.


Un incompétent peut-il en cacher un autre?
En France par exemple, «en dépit de la tyrannie des diplômes pour l’accès aux positions professionnelles les plus élevées dans la hiérarchie sociale, on peut s’apercevoir que le mérite scolaire n’est pas automatiquement reconnu et valorisé dans la vie sociale et professionnelle.» Les amitiés, les affinités électives, la naissance et d’autres critères encore pèsent parfois plus lourds que les études.

L’art du réseautage surpasserait tout?

Dans un monde idéal, le vrai mérite devrait être la seule qualification pour un poste. Dans les faits, d’autres considérations entrent en jeu, telles que la confiance en soi, l’art de patienter et le réseautage

Dans une récente étude intitulée «Boss Competence and Worker Well-being» la coauteure Amanda Goodall a indiqué que l’employé heureux est avant tout celui qui est dirigé par un supérieur hiérarchique capable de faire son travail. «Les compétences du patron ont un impact beaucoup plus important sur votre satisfaction au travail que le salaire, le travail en lui-même ou le secteur dans lequel vous exercez.»

Reste à comprendre la raison pour laquelle des individus qui ne disposent pas de connaissances approfondies sur le cœur de métier de leur entreprise occupent parfois des postes à responsabilité. Leur présence est en effet une énigme qui attend toujours son déchiffrement.

Plusieurs théories plus ou moins sérieuses ont été avancées au fil du temps pour expliquer ce phénomène. Ainsi, Dilbert, le personnage de bande dessinée créé par Scott Adams, s’exclame avec humour que «les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes sur lesquels ils risquent de causer le moins de dégâts: ceux de managers.»

Pour Laurence J. Peter et Raymond Hull, auteurs du célèbre ouvrage «Le Principe de Peter», dans une hiérarchie, tout employé est amené à s’élever à son niveau d’incompétence. Il en résulte qu’avec le temps, tout poste est inévitablement occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité. En d’autres termes, les postes ne sont pas distribués en fonction des talents individuels. Ils échoient à ceux qui patientent.

La barbe fait-elle le philosophe ou l’incompétence le dirigeant?

Une autre explication pourrait résider dans le fait que nous avons tendance à croire que la barbe fait le philosophe. Tomas Chamorro-Premuzic, auteur d’un article publié sur le site Internet de la Harvard Business Review intitulé «Why do so many incompetent men become leaders?», explique ainsi qu’une personne à l’air assuré est souvent perçue comme compétente, d’où sa présence aux postes clés d’une entreprise. «Nous confondons arrogance et leadership», assure-t-il.

Roger Bamford, ancien ingénieur chez Oracle, rapporte à cet égard une anecdote amusante. Larry Ellison, cofondateur et ancien PDG d’Oracle, donnait pour consigne à ses recruteurs de poser une seule question aux nouveaux diplômés: « Êtes-vous la personne la plus intelligente que vous connaissez? ». Si le candidat répondait «oui», il était engagé. S’il répondait «non», le recruteur lui demandait «alors qui est-ce?» et essayait par la suite d’engager cette autre personne à la place.

Avec une telle approche, Ellison a cependant davantage réussi à engager des personnes plus arrogantes que supérieurement intelligentes car s’il est un fait notoire, c’est bien que les individus les plus sages sont aussi généralement les plus humbles et parfois les plus discrets. Socrate disait bien : «je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien»? Le proverbe chinois le rappelle aussi, moins on en sait, plus on a confiance en soi.

Un incompétent honore la tranquillité permanente

Autre hypothèse, celle de la loi de Parkinson qui «veut que plus une entreprise grandit, plus elle engage des médiocres surpayés, écrit Bernard Weber dans sa Nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu. Pourquoi? Tout simplement parce que ses cadres en place veulent éviter la concurrence. La meilleure manière de ne pas risquer d’affronter des rivaux dangereux, c’est encore d’engager des incompétents. La meilleure manière de leur ôter toute volonté de faire des vagues est de les surpayer. Ainsi les castes dirigeantes sont-elles assurées d’une tranquillité permanente.»

Charles-Henri Dumon, président fondateur du cabinet Morgan Philips, exprime la même idée dans son livre « Recruter les meilleurs à l’ère digitale » (éd. Eyrolles). «Les individus sans grand talent ne savent pas, ne peuvent pas et surtout ne veulent pas recruter des profils qui sortent du lot. Sélectionner quelqu’un de meilleur qu’eux les mettrait en danger.»

Un incompétent peut-il en cacher un autre?
À l'arrivée, une poupée russe

Cette attitude n’est pas sans conséquences pour les entreprises, comme le rappelle Ogilvy & Mather. Dans cette agence de publicité, toutes les nouvelles recrues engagées reçoivent à leur arrivée une poupée russe. À l’intérieur de la plus petite poupée le candidat embauché peut lire la phrase suivante: «Si chacun de nous engage des gens qui sont plus petits que nous, nous allons devenir une société de nains, mais si chacun de nous engage des gens qui sont plus grands que nous, Ogilvy & Mather va devenir une entreprise de géants.»

On reconnaît d’ailleurs la grandeur et la valeur d’un dirigeant à sa façon de recruter, assure Sydney Finkelstein, professeur à l’université Dartmouth et auteur de Superbosses. «Les meilleurs managers veulent engager des personnes plus intelligentes qu’eux car elles les pousseront à trouver de meilleures idées et solutions aux problèmes. Ils ont en outre suffisamment confiance en leurs propres capacités pour ne pas avoir à s’inquiéter qu’un employé les éclipse.» Ou, comme le dit de façon imagée Steve Jobs, «les joueurs de ligue 1 recrutent des joueurs de ligue 1, les joueurs de ligue 2 recrutent des joueurs de ligue 3


Et le mérite dans tout ça… Aucune société n’est méritocratique

Les lois de Parkinson, de Peter et autres posent enfin la question de la place de la méritocratie dans nos sociétés, ce système sociopolitique dans lequel les pouvoirs sont confiés aux plus qualifiés. Dans « S’orienter dans la vie: la sérendipité au travail? », Francis Danvers rappelle qu’aucune société humaine dans l’histoire n’est véritablement méritocratique.

Ainsi, en France par exemple, «en dépit de la tyrannie des diplômes pour l’accès aux positions professionnelles les plus élevées dans la hiérarchie sociale, on peut s’apercevoir que le mérite scolaire n’est pas automatiquement reconnu et valorisé dans la vie sociale et professionnelle.» Les amitiés, les affinités électives, la naissance et d’autres critères encore pèsent parfois plus lourds que les études.

Le mythe selon lequel il faut travailler avec acharnement pour avancer dans sa carrière a cependant la vie dure. En réalité, personne n’a jamais été promu à force de travail, assure la spécialiste des comportements au travail Lois Frankel. Elle cite l’exemple d’une femme qui observait, tous les lundis matins, ses collègues masculins commenter pendant une demi-heure le match du dimanche avec le patron. «Quelle perte de temps. Pendant qu’ils parlent de football, moi je travaille!», se lamentait-elle.

Fait intéressant, ses collègues décrochaient les missions les plus prometteuses. En effet, pendant qu’elle se consacrait exclusivement à sa tâche, ses collègues masculins tissaient un réseau. «Ils se retrouvaient avec le patron dans une sorte de fraternité sportive qui donnait à chacun l’occasion de mieux se connaître. Et lorsque des postes de confiance étaient à pourvoir, le patron avait tout naturellement tendance à choisir les collaborateurs avec lesquels il possédait des affinités.» À méditer toutes les fois que l’on ne s’autorisera pas à «gaspiller» son temps de travail autour de la machine à café. /////////Amanda Castillo

Mot à Maux


Rédigé par psa le 16/12/2016 à 13:00



La question mérite que l’on s’y attarde. Voici quelqu’un, Yahya Jammeh, qui arrive au pouvoir par un coup d’État et y passe plus de deux décennies, conduisant un État Patapa loin de toute démocratie, parce que Dieu l’aurait voulu et l’y aurait même aidé selon lui. Que c’est si facile pour les imposteurs de mêler Dieu à tous leurs excès et abus!


Ils sont même déjà partis sans avoir encore quitté le pouvoir
Ils sont même déjà partis sans avoir encore quitté le pouvoir


Plus de vingt-deux années après, à la faveur d’une élection, Yahya Jammeh reconnaît publiquement sa défaite, appelle son adversaire, lui concède la victoire et l’assure de sa collaboration durant la période de transition. En ce mois de décembre 2016, Yahya Jammeh reçoit les éloges publics, universels. Puis…

Puis patatras! Yahya Jammeh, le sortant, refuse de partir. À peine avions-nous décoché des flèches à l’endroit des autres présidents africains ambianceurs, ridiculement incapables d’assumer les dignes alternances politiques pacifiques de leur époque, à peine nos javelots flamboyants étaient partis que toutes nos cibles se remettaient en mouvement. Tout ce qu’on nous avait appris, tout ce que nous savons pratiquer devenait crucial.

Il y a même eu des tentatives habiles de moquerie, de remise en cause de notre adresse à viser des cibles sans cesse en mouvements disgracieux et erratiques.

Certes, en si peu de temps, des méprises ont été commises. C’est connu : un dictateur, un ambianceur, énormément ça trompe, ça change d’avis souvent, et ça prend ses rêves de durer éternellement au pouvoir Car-ce-que-je-fait-est-béni-par-Dieu pour des réalités à imposer aux millions d’autres qui aimeraient le voir partir de la gouverne de leur pays.

Eh bien! Nous n’avons pas de bonnes nouvelles pour les ambianceurs et autres apprentis sorciers ainsi que leurs conseillers et prophètes de tout acabit. Tous, ils sont du mauvais côté de l’Histoire. Sortants qu’ils sont, ils sortiront. Partants qu’ils restent, ils partiront. Ils sont même déjà partis sans avoir encore quitté le pouvoir. Ils ne sont plus que de remarquables oubliés de la grande Histoire de leur pays.

Yahya Jammeh peut changer d’avis autant de fois qu’il voudra, en si peu de temps, ceci ne sera que la preuve de cela : son incapacité à suivre le rythme de son époque. La Gambie est ailleurs déjà, ailleurs depuis des jours, et bien ailleurs depuis trop longtemps pour reculer ou être retardée par un amuseur politique.


Aucune peur de démocratie que de l’avenir

Par la voix de Lady Macbeth, le Vieux Shakespeare disait, il y a quelques siècles, dans l’autre millénaire même : « What’s done cannot be undone ». Il est grand temps que cela soit entendu et compris. Ce qui est fait est fait. Ce qui est dit doit être fait. La promesse est une dette. L’éthique fait la loi.

La Gambie est ailleurs, l’Afrique est ailleurs, les Africains sont loin devant leurs dirigeants ambianceurs, médiocres amuseurs, indécis, incorrigibles et incommodes, eux qui n’écoutent qu’eux-mêmes, leurs prophètes de malheur, courtisans et autres poilus Adowuinon de leurs intangibles vassaux.

Aucune peur n’est désormais de mise pour l’accomplissement de la démocratie en Afrique : en Gambie, au Togo ou ailleurs. Le lourd passé de tous les ambianceurs de la République, déguisés en chefs d’État-royaume-aux-Constitutions-avariées, un tel passé ne peut être effacé que par leur peuple.

Comme du temps de Shakespeare, tous les parfums de l’orient et de l’occident, ceux du midi et du septentrion, même les erreurs de leurs adversaires, ne peuvent effacer leur crime de la non-démocratie et de l’invouloir récurrent. Seul le peuple sauve et réhabilite ses propres dictateurs. Ce fut le cas en Argentine, au Ghana, au Bénin, etc. C’est sur le point de se réaliser en Colombie et en Gambie. Ce sera le cas au Congo, au Gabon, en Haïti, au Togo, ailleurs et partout où besoin sera dans les abjectes et pales démocratures.

Les Sortants doivent se résoudre à sortir honorablement. Toutes leurs tromperies ne passent tout simplement pas; depuis toujours, leurs menteries sont restées au travers des gorges de leurs citoyens. Les Sortants ont beau échafauder des plans en groupe et en syndicat, entre frères et amis qu’ils disent; ils ont beau rigoler de leur peuple et de leurs opposants, ils ont beau se penser plus intelligents que tout le monde, ils ont beau partager experts et expériences en duperies, le temps est à l’avenir, et l’avenir est à la démocratie et à la dignité.

Ambianceurs de toutes ces Républiques africaines, faites-vous porter en triomphe, en démocrates triomphants, par votre peuple. C’est si facile, et c’est si reposant par la suite…


Mot à Maux


Rédigé par psa le 12/12/2016 à 00:00



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