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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L’imposture comme exutoire, c’est la posture grossière de Faure Gnassingbé. Rendez-vous manqué avec l’histoire. Cela dure depuis février 2005. Pour une présence devenue inutile, pour un si jeune président fils de son père, fils de ce père-là, c’est du gâchis pour n’avoir pas su restituer le Togo aux Togolais en édifiant une robuste démocratie, une vraie réconciliation, une armée républicaine et un chemin novateur vers le développement. Pari lamentablement raté pour de si grandes possibilités et tant d’occasions ratées! Le peuple togolais peut en témoigner, et il en témoignera, nombreux, après ce report salutaire de sa marche républicaine.


Imposture? William Shakespeare ou Faure Gnassingbé
Imposture? William Shakespeare ou Faure Gnassingbé
Une telle imposture, une telle case d’imposteur il faut la mettre à nu : éviter de la brûler dans la confusion. C’est la signification à donner au report, sage, des journées de manifestations politiques au Togo. C’est vrai, l’histoire est souvent sombre. Il ne nous faut donc pas trop en ajouter au tragique togolais. Le parti présidentiel au pouvoir depuis cinquante ans qui choisit de contre-manifester le même jour que l’opposition; cela ne mérite que la mésestime de leur laisser les rues pour éviter le désordre aussi ouvertement planifié.

La violence et la menterie qui forment la seule prédisposition du pouvoir présidentiel togolais pour dénaturer la réalité politique n’ont de répliques que le droit de ne pas légitimer cet état récurrent de férocité. Voilà que le parti présidentiel togolais est gratifié de l’exclusivité des trois derniers jours du mois d’août 2017, pour nous faire la démonstration de sa légendaire mystification : payer des citoyens désargentés, habiller des militaires pour grossir les rangs des quelques civils, usurper la légitimité, gangrener les principes de justice fondamentale, et quoi encore…

Dans un Togo déjà vulnérable, il fallait bien éviter la confusion. En conclave ouvert ou restreint, la nomenklatura n’a rien trouvé de mieux que de placer ses manifestations de soutien à Faure Gnassingbé les mêmes jours que l’opposition républicaine togolaise. C’est cette ambiguïté permanente qui caractérise le pouvoir togolais et qui déroute les non-initiés : déconstruire en faisant semblant de construire; désunir en s’appelant unir.

Ce n’est donc pas la première fois ni la dernière, nous dit-on; toujours, il y eut renonciation à la fin. Ce fut le cas en 2015, puis en 2016, et même le 19 août 2017 lorsque le clergé Rpt-Unir a dû renoncer à organiser sa manifestation le même jour que le Parti national Panafricain, le PNP. Cette fois-ci, c’est l’opposition togolaise qui laisse le plancher au Rpt-Unir. Eh bien, manifester maintenant. Prenez ces trois derniers jours d’août pour convaincre sur ce qui n’a pu être fait depuis douze ans de Faure Gnassingbé, trente-huit ans de son père Eyadema.



Soutenir l’imposture qui enfin tombe?

Le parti politique qui dirige le Togo ne peut pas toujours se complaire dans l’invouloir, la terreur et la répression. Désormais, le Rpt-Unir est mis à découvert. Il ne s’agit pas d’opposer les infâmes d’un côté et les bons de l’autre. Il s’agit de placer chaque entité devant ses responsabilités. Le parti au pouvoir a-t-il besoin de manifester contre la démocratie? Tout le Togo le savait déjà! Faure Gnassingbé est-il en train de tomber pour avoir besoin de soutien aussi tapageur? Qu’ils nous le disent!

Le Togo est resté une douloureuse expérience pour ce qui se fait de ce pays : « bonté devient haine; ils n’ont plus de cœur que d’un côté (…) Et par miséricorde, ils sont inexorables » dans un Togo qui ne demande qu’à s’affranchir d’eux. Accompagné, rien que par sa solitude, Faure Gnassingbé n’a jamais su assumer l’histoire du Togo : assumer le Togo autrement qu’à travers son désir de tout pervertir pour se maintenir indéfiniment envers et contre tout. Un tel péché originel ne s’est jamais démenti; il ne peut donc se corriger en trois jours de marches de soutien à l’inconséquence d’un système aussi peu viable.

Les Togolaises et les Togolais ne sont pas nostalgiques; ils ont une certaine idée de la grandeur et de la noblesse intrinsèques à la politique. Toutes les manœuvres dilatoires de Faure Gnassingbé sont arrivées à terme. C’est le terminus d’une imposture qui n’a que trop duré. Vous souvenez-vous de cette affiche de Shakespeare relançant l’insensé débat dans le film Anonymous.

Expressément, la face, la tête du dramaturge furent grattées de manière blasphématoire, et très intentionnellement : Shakespeare était-il un imposteur? Évidemment non! Lui, Shakespeare, avait écrit toutes ses œuvres. Grandioses! Époustouflant pour son temps et pour toujours, Shakespeare savait d’où il venait; il ne s’était pas trompé de destination. Une probité était inscrite en lui, tout fils d’illettré qu’il fut également. Incroyablement, disséquer l’humain comme plus jamais, « décrire Padoue, Vérone, Mantoue, Sienne et Florence alors qu'il ne s'est jamais rendu en Italie », lui qui n’avait fréquenté que l’école du village en s’abreuvant aussi des valeurs éthiques qui fondent l’humanité qui lui fait gloire aujourd’hui.

Pouvons-nous dire la même chose de Faure Gnassingbé, fils d’un président, usant et abusant uniquement des lustres du pouvoir? Pouvons-nous apporter le même soutien irrévocable à Faure Gnassingbé? Non! Alors, que dit la chanson déjà? « Il faut qu’il parte. Et il partira!» Faure Gnassingbé a perdu du temps aux Togolaises et aux Togolais. Qu’il parte! Qu’il parte pour un retour à la République au Togo. Qu’il parte pour une robuste démocratie, une vraie réconciliation, une armée républicaine et un chemin novateur vers le développement du Togo. En effet, on peut faire beaucoup mieux du Togo, faire beaucoup mieux de son propre pays… Merci quand même pour ce moment.

Une certaine idée de la grandeur du Togo
Une certaine idée de la grandeur du Togo

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 28/08/2017 à 01:30



Ce qui étonne toujours au Togo, c’est la brutalité du régime Faure Gnassingbé dans le clair sillage de son père Eyadema. C’est à croire que dans ce monde en mouvement, le pouvoir togolais est resté le même, statique, gelé, fossilisé ou pire encore cinquante années après. Le monde change. La vie est changement; la politique l’est aussi. Le temps, cet autre nom de Dieu, est même changement : « Sauf au Togo! » semble répéter le système qui y trône avec sa nomenklatura subitement prête à se convertir aux réformes qu’elle trouvait encore caduques toutes ces années. C’est la traversée d’une dictature quinquagénaire devenue insoutenable aux Togolais.


Pour qui sonne le glas au Togo?
Pour qui sonne le glas au Togo?
Non! Oui! L’assaut final doit être donné. C’est la Constitution de 1992 qui prime désormais, dans son esprit et dans ses lettres. C’est l’alternance politique qui nous convient, c’est-à-dire « la convergence objective qui sera construite techniquement et politiquement » en vue de la transition vers la Démocratie, la Réconciliation et le Développement. Les Togolaises et les Togolais ont assez du Togo dans leurs esprits et dans leurs corps pour être ambitieux, réalistes et agiles vers des résultats probants, particulièrement après cette longue traversée du désert démocratique.

Au lendemain de la répression gratuite de la manifestation populaire du 19 août 2017, l’indignation est absolue, les condamnations unanimes dans toutes les couches du Peuple togolais. De la Diaspora togolaise jusqu’au Togo profond, cette coulée de sang, ces morts et blessés, ne peuvent être que la fertilisation nécessaire à la délivrance des Togolaises et des Togolais. De ce « Samedi rouge » sang, chaque acteur tire enseignement, conclusion, chronique, stratégie, précepte et mission. Le fruit de la délivrance et de la dignité est mûr au Togo.

Il ne pouvait en être autrement. La déception est totale; l’énergie intacte, la détermination criarde : « Nous sommes les victimes », « Au tribunal de l'histoire le verdict qui frappera tous les tenants de ce pouvoir et de leurs thuriféraires, est scellé par avance, au regard des règles de l'Humanité et de la démocratie », « Nous, Togolais, nous devons mobiliser dans tous les pays du monde pour dire assez aux Gnassingbé », « Le premier coupable dans cette tragédie togolaise, c’est bel et bien Faure Gnassingbé. Demain il comprendra », « Nous tenons à rappeler au régime qu’à défaut de se conformer aux aspirations profondes du peuple pour la démocratie et l’alternance, il partira forcément sous la colère de ce peuple », « se tenir prêt pour répondre massivement à l’appel prochain des forces démocratiques pour mettre définitivement fin à ce régime qui reste désormais une curiosité en Afrique », etc.

Très clairement, le Togo n’a de choix que de passer à l’alternance démocratique sous l’assaut final de son Peuple; c’est une urgente question de dignité. Tous les signaux vont dans le sens de la convergence : la convergence et l’unité d’action des forces républicaines du terrain, la convergence et l’unité d’action chez les leaders, la convergence et l’unité d’action à travers la Diaspora. L’assaut final se doit d’être donné : l’alternance démocratique doit advenir au Togo. Toutes ces vies sacrifiées depuis cinquante ans, et encore le samedi 19 août 2017, ne doivent pas l’être en vain. Un Togo de Démocratie, de Réconciliation et de Développement doit absolument naître de tant de sacrifices.

80% de Convergence 20% de Diplomatie

C’est de la fermeté et de la solidarité, républicaines, qu’il faut au-devant de Faure Gnassingbé. Voir deux leaders aussi déterminés que le chef de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) ainsi que celui du Parti National Panafricain (PNP) enfin associés, pour convoler au juste combat avec toutes les forces républicaines, est de bons présages. Le Togo démocratique est à portée de main. Il a fallu tant de sacrifices, tant de querelles, tant d’incompréhensions, tant de manigances, tant de défections, tant de trahisons pour en arriver à ce tournant décisif. La prise stratégique de la citadelle Démocratie doit être donnée au Togo afin d’enclencher le vaste processus de retour à la paix sociale.

« La grande chose de la démocratie, c'est la solidarité » disait d’ailleurs l’intrépide homme de tous les combats, Victor Hugo. En datant de seulement maintenant, de ce légendaire mois d’août 2017, comme dans son discours au Congrès de la Paix d’août 1849 ou du grand rêve de Martin Luther King d’août 1968, c’est aussi dans cet esprit de générosité et d’audace qu’il faut inscrire le Togo : une vraie paix politique sans les menteries, les arrogances et les compromissions, une « réunion d’esprits convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien d’un peuple, mais qui veulent le bien de tous les peuples », de tous les Togolais du Nord au Sud, de l’Orient à l’Occident.


Togo : L’Insoutenable Traversée d’une Dictature
Le destin du Togo est véritablement la démocratie comme vecteur de paix républicaine, et non la répression continue dont nous venons d’observer la triste et accablante glose. C’est parce que tout cela est impossible à l’entendement, parce tout cela a trop souvent échoué au Togo et à travers la Diaspora, c’est parce que tout cela a toujours été rappelé par les citoyens du Togo qu’il faut y revenir avec entrain, avec métier et presque à la perfection d’un Sisyphe : « définir vite, très vite, une plateforme d’entente minimale pour la mobilisation générale du peuple » pour faire écho à Brigitte Adjamagbo. Un autre Cap de bonnes espérances doit être franchi au Togo.


Quoi faire maintenant? La Convergence vers la République

Faudra-t-il encore rappeler l’objectif simple de cette lutte? Il est vraiment tout simple et l’est resté, même par tous les temps d’incertitudes et de déchirements : l’alternance démocratique est la grande œuvre en chantier au Togo. Elle peut et elle doit passer par une période de transition ouverte aux forces républicaines, dont la Diaspora. C’est surtout pour la fin d’un système antirépublicain que nous luttons; c’est un corporatisme d’anarchistes militaro-claniques contre lequel les Togolaises et les Togolais sont en lutte et veulent se débarrasser depuis toujours.

Un tel regard maintenu sur les objectifs permet d’éviter des errements et toutes les faciles tentations des heures troubles. L’éclipse totale des cinquante dernières années n’exclut pas l’existence d’un halo lumineux réparateur de tous les obscurantismes accumulés. Toutes les sciences, tous les génies et tous les concepts sont toujours valables dans le cas du Togo. Il s’agit seulement de consolider la mobilisation générale pour des actions rapides éduquées par toutes les réflexions antérieures : convergence suffisante et stratégique des forces républicaines crédibles; convergence des moyens financiers et humains; convergence des actions diplomatiques.

La convergence au Togo, aujourd’hui, n’est pas seulement réalisable. La convergence est inévitable pour mettre un terme au désarroi de tout un peuple au destin confisqué par une clique autoproclamée de dirigeants, des Adowuinon et autres recalés de l’histoire qui n’auront jamais fait la moindre histoire au Togo ou ailleurs sans leur dépendance à la violence sur des populations aux mains nues. Lucide et solidaire, nul Togolais d’ailleurs n’est porté par la vengeance; tout est République et Nation à bâtir.

Non! L’autoritarisme et la dictature ne peuvent plus continuer à survivre au Togo. Le régime Faure Gnassingbé a vécu, et cette fausse congrégation est à ses dernières culbutes et divinations. Tout le monde en est conscient : la croisière est sur le point de prendre fin. Cette longue balade aux coûts humains et financiers désastreux aura servi à savoir exactement ce que les Togolaises et les Togolais ne veulent plus, et jusqu’à quel point ils n’en veulent plus.

À quelque chose, malheur est bon. Répression sanglante des forces républicaines par une armée aux ordres, déployée contre le peuple depuis toujours. Faure Gnassingbé, dédaigneux dirigeants togolais des populations et autres affidés, vous avez eu tout faux; vous êtes du mauvais côté de l’Histoire. Vers sa dignité, « ce n’est pas d’aujourd’hui que le genre humain est en marche ». La liberté n’a jamais fatigué les peuples; la liberté ne fatiguera pas les Togolaises et les Togolais.

Éveil citoyen réel au Togo et occasion unique d’un sursaut patriotique vers un destin commun, c’est bien le sens à donner à l’Histoire qui s’accélère sous la poussée des Togolais et de leurs amis. C’est véritablement le temps de passer à l’assaut final. Au sortir de cet assaut final et de ce tournant républicain, un autre Togo doit naître : nul ne l’arrêtera, « on peut en retarder ou en hâter l’avènement, voilà tout ». Le choix du moment est donc clair : hâter la Démocratie, la Réconciliation, le Développement; mettre fin à l’imposture; passer le Togo à la fierté des siens; mettre le Togo à hauteur de tous ses citoyens. Autant d’objectifs enthousiastes, pragmatiques et légitimes. Enfin!



Mot à Maux


Rédigé par psa le 22/08/2017 à 00:22



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