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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Une actrice accuse à son tour Roman Polanski. Le sort du cinéaste continue d’échauffer les esprits… Machine infernale en grand format sur les défenseurs de gens aisées ou de petites gens. Qui saura y répondre à part Kouchner et Lang…


Charlotte Lewis
Charlotte Lewis
Le sort de Roman Polanski, assigné à résidence dans son chalet de Gstaad en attendant une éventuelle extradition, continue d’échauffer les esprits. Alors que l’actrice britannique Charlotte Lewis affirmait vendredi à Los Angeles avoir elle aussi été abusée à l’âge de 16 ans par le cinéaste, des figures du monde politique français – Jack Lang et Bernard Kouchner notamment – ont volé à son secours. Les déclarations de Charlotte Lewis, qui était en 1986 à l’affiche du film de Polanski Pirates, ont d’emblée été qualifiées de «tissu de mensonges» ou de «pur opération de chantage» par les avocats français du réalisateur qui n’excluent pas une action en justice pour dénonciation calomnieuse. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’est montré encore plus inspiré en trouvant cette nouvelle accusation «singulière» et en exprimant «sa peine» pour Roman Polanski en ces termes: «Il y a un contenu humain international dans l’arrêt des souffrances morales de cet homme qui devrait être un des patrimoines de l’humanité» Rien de moins.
L’ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui était déjà sorti du bois en septembre dernier lors de l’arrestation de Roman Polanski à Zurich, réédite son soutien en grand format dans Le Parisien et Le Matin dimanche et appelle la Suisse à ne pas livrer «l’immense créateur qui honore le cinéma». Tout cela sans vouloir s’immiscer, assure-t-il, dans les affaires intérieures d’un pays tiers.
À son avis, celui du professeur de droit, la Suisse peut refuser d’extrader le cinéaste. Jack Lang ne va pas jusqu’à invoquer la raison d’État – celle qui avait par exemple conduit en son temps la France à libérer de manière jugée ensuite illégale les assassins présumés d’un opposant iranien que la Suisse justement réclamait – mais il pense que ce dossier est trop incomplet pour permettre de livrer Roman Polanski aux Américains.
De cette justice d’outre-Atlantique – «qui peut parfois avancer comme une machine infernale» – et de ses représentants en mal de publicité, l’ex-ministre dit d’ailleurs bien peu de bien. Enfin, Jack Lang se défend de réclamer un quelconque privilège pour celui qui a «beaucoup apporté à l’art, à la culture, à l’Europe». «Si un cas du même genre se présentait pour quelqu’un d’inconnu, je le ferais avec la même conviction.» Parole de défenseur de petites gens et de sans-papiers.
En Suisse, l’Office fédéral de la justice doit se prononcer bientôt sur cette extradition et on ne voit pas très bien l’influence que pourraient exercer en l’état les affirmations de Charlotte Lewis. La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf – tout en défendant une vision légaliste et soucieuse du respect des Traités – examinera personnellement la décision prise par ses services. La semaine passée, sur le plateau de Mise au point, la ministre a précisé que la Suisse – qui a demandé des informations complémentaires – attendait encore des documents. On ne saura toutefois pas lesquels.///////Fati Mansour


Horizon


Rédigé par psa le 17/05/2010 à 00:42