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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




À chaque occasion, les frontières de l’inacceptable sont agrandies au Togo. C’est pour cela qu’il faut se donner un droit de remontrances face à tous ces excès. Au parti de Faure Gnassingbé, à l’Union pour la république, UNIR, l’idée parti n’est pas encore mature pour accepter se dissoudre dans l’idée générale d’une nation réconciliée, encore moins dans l’avenir du Togo. UNIR pense devoir être partout, en toutes circonstances, envers et contre toutes les traditions.


UNIR pense gagner en toutes circonstances
UNIR pense gagner en toutes circonstances


Le peuple Guin et tout le Togo viennent d’en faire l’amère expérience : la mer morte bleue UNIR a ridiculement déferlé jusque sur la « Pierre sacrée » à Glidji, l’imbibant de toute sa gouache, au cœur même de l’une des plus anciennes pratiques traditionnelles du Togo, vieille de plusieurs siècles au demeurant. La preuve est encore faite que l’usure du pouvoir et le manque d’imagination continuent à faire leur œuvre au Togo : impertinence, essoufflement, scandale et zizanie. La destinée démocratique du Togo ne peut donc plus être si longtemps compromise et asservie. Il s’agit pour les gouvernants d’assumer le Togo autrement ou demeurer les victimes d’une époque révolue, les serviteurs d’une cause perdue devant l’histoire.

Arrimé à son passé, le Togo ne profite véritablement pas de son avenir. Cet avenir passe par le devoir de réconciliation, et il impose immanquablement la démocratie pour se réaliser pleinement. Avant tout, l’impératif de réconciliation doit être le reflet de la bonne foi du pouvoir présidentiel togolais, qui toujours détourne la volonté de changement du peuple par la force, et jamais en usant du respect, de la modération et de la subtilité. Personne n’abandonnera le Togo dans des mains peu habiles en laissant la conscience tranquille à une caste d’amis aussi désinvoltes devant la chose publique et les coutumes séculières, ce groupe d’infortunés très peu préparés à la gouverne réconciliatrice du pays.

Ce mal nécessaire qu’est la démocratie rappelle continuellement ses exigences : en confisquant le pouvoir, Faure Gnassingbé doit assumer le Togo autrement et par la bonne foi ou y être poussé avec détermination. Assumer le Togo autrement que de penser qu’une fois les résultats frauduleux annoncés, le reste du monde oubliera la réalité et l’essence du pouvoir en place au Togo. Faure Gnassingbé doit penser à assumer le Togo autrement que cette manière de penser que diriger le Togo serait facile parce qu’il dispose d’une armée clanique et répressive des citoyens, autrement que de la manière dont le pouvoir a été empoigné depuis cinquante ans et que lui, Faure Gnassingbé, tente de perpétuer sans aucune créativité politique ni éthique républicaine.

Que toutes les traditions soient infectées et l’insoumission grandira

Tous ces accents totalitaires inconnus à la démocratie qui s’expriment à tort et à travers et de manière parfois loufoque, en ciblant les mauvais enjeux, plus personne n’en est dupe. Le dernier exemple est la traditionnelle prise de la « Pierre sacrée » à Glidji dont le pouvoir s’est emparé. La corruption manifeste n’avait trouvé rien de mieux que d’imposer une « Pierre sacrée » aux couleurs du parti présidentiel UNIR. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin si la bêtise humaine peut se donner le champ libre? Tout le décor était aux mêmes couleurs UNIR.

Le roi de Glidji, le consacré Glidji Fiogan Sèdégbé Foly-Bébé XV, qui voyait la chose venir depuis des mois déjà, n’a pu ne rien arrêter; une justice togolaise aux ordres l’ayant même débouté, auparavant, dans sa volonté de mettre fin au spectacle burlesque. Une terrible querelle vient d’être ensemencée au cœur des populations par un pouvoir togolais tout à fait irresponsable, un pouvoir qui toujours délaisse l’essentiel de ses devoirs, semer la zizanie, la chienlit et la fâcherie pour bien se mêler de ce qui ne le regarde pas.

Mais, tout est bien qui expose le ridicule au grand jour. Il fallait bien que l’insatiabilité du pouvoir présidentiel togolais frise le risible, en confirmant son emprise totalitaire sur tout ce qui peut se faire au Togo, les traditions et pratiques ancestrales comprises. Commencé depuis le temps de Pascal Bodjona au ministère de l’Administration territoriale, et poursuivi par Gilbert Bawara à ce même poste, ce travail d’asservissement de la tradition de la prise de la « Pierre sacrée » ne pouvait pas trouver un meilleur parachèvement que sous la houlette d’un autre inconditionnel ministre comme Gérard Payadowa Boukpessi.

Ridiculement, la « Pierre sacrée » ouvrant l’année traditionnelle du peuple Guin sera aux couleurs du parti politique de Faure Gnassingbé, UNIR, mais elle le sera sans la présence des dignitaires traditionnels. Tant il est vrai que l’excès de victoire en tout temps déshonore à tout coup : évidemment, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». C’est bien pour tout cela qu’il est difficile de continuer à faire semblant d’être un chef d’État élu alors que rien du Togo politique réel n’échappe à personne, partout, en quelques clics et confidences.

La lenteur démocratique au Togo livre le pays aux excès de tous les prédateurs. Resté en dehors de la légalité, le Togo craque d’invraisemblances et s’enfonce à chaque occasion dans l’illégitimité. Redire constamment l’illégitimité du pouvoir présidentiel en place au Togo ainsi que ses dérives restent le secret le moins bien gardé; en faire la démonstration assidue à chaque fois que des évolutions démocratiques adviennent en Afrique et surtout dans les voisinages immédiats du Togo, comme au Burkina Faso et au Bénin, devient incontournable.

Il est aussi inutile de chercher des solutions légales au Togo comme le recours et l’appel au peuple dans un référendum d’initiative populaire. Les tentatives d’organiser un référendum, comme le suggère certaines volontés, bien sympathiques, reste toujours irréalistes dans le contexte togolais. Au Togo, la seule chose possible, quoiqu’absurde, reste la participation à toutes les élections que le régime se sentirait obligé d’organiser, des présidentielles aux élections locales , un jour, en passant par les législatives en 2018. À chaque fois, il s’agira de dire non à l’imposture et ensuite mettre au grand jour les entraves ainsi que les fraudes ridicules du système sur le chemin de la conquête de la dignité de tout un peuple, jusqu’au grand jour, jusqu’au grand soir. L’alternance démocratique est incontournable au Togo.

Au Togo, tout le confirme à travers chacun de ces excès du régime politique en place. Alors, plus personne ne réinventera le boycottage pour fuir la complexité de la réalité du pays, et laisser le terrain politique à des gens sans respect ni retenue. Seule, la détermination à chaque fois renouvelée est la clé d’un si difficile combat. Inlassablement, retourner au combat pour la dignité du peuple togolais, et retourner à tous les nobles combats de ce genre et de cette nature en veillant désormais à mieux choisir les compagnons de route; ce sont bien les attributs de cette détermination nouvelle. Le peuple togolais n’a jamais consenti à la léthargie et ne s’y est jamais abandonné. Même devant le ridicule de certains évènements, l’insoumission des populations togolaises restera de rigueur jusqu’à la fin de l’imposture.

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 14/09/2015 à 21:00