Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Patrick Wecksteen, Dos tourné
Patrick Wecksteen, Dos tourné
Il y a des morts qui nous choquent pour plusieurs raisons. Celles-ci frappent pour leur inutilité. Les morts et aussi les blessés de Cabinda pour le compte de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2010) de l’Angola sont inutiles à cause de l’irresponsabilité quasi collective qui entoure ce drame. Ces torts, sont-ils partagés et acceptés par les États (le Togo et Angola particulièrement), la Caf (Confédération africaine de football) et les fédérations nationales ou les structures qui en font office comme c’est la cas de ce groupe de personnes nommées par le gouvernement togolais pour gérer la participation des sportifs togolais que rien, rien malheureusement, ne fera revivre ces personnes perdues à jamais dans leur désir de vivre leur passion, d’accomplir leurs obligations et pour beaucoup de servir leur pays et l’Afrique de football dans le domaine où ils excellent le mieux. Dans ce drame dont le décompte ne sera jamais final, notre ami l’ambassadeur du Togo au Canada a perdu son frère Abalo Amélété, l’entraineur adjoint en charge de la préparation des gardiens de but. On annonce d’ailleurs les blessures des joueurs togolais dont le gardien de but Kodjovi Obilalé. Malheureusement, au passif de cette somme d’amateurisme et d’incompétence ringarde dont la Caf seule est capable malgré tous les moyens dont elle dispose, il faut déjà inscrire le décès de Stan Ocloo, un journaliste. Ainsi, avec le chauffeur angolais et les inconnues blessées de cet itinéraire douteux, ce sont déjà des victimes innocemment fauchées qui s’offrent au sacrifice suprême pour une fête de football qui n’a plus aucune raison d’être. La responsabilité de la Caf est tellement établie que Issa Hayatou, son président, lorsqu’il sortira de son mutisme doit penser à démissionner. Et peut-être alors ses nombreux supporteurs plumitifs continueront-ils à l’encenser pour devenir candidat à la succession de Paul Biya ? Comme si au Cameroun il n’y aurait pas mieux pour une éventuelle succession d’un Paul Biya encore jaloux de son trône. En somme, il faut désormais projeter ce drame de Cabinda dans l’avenir du football. Celui du football togolais d’abord dont l’organisation et la gestion demeurent moribondes et couteuses, comme le sont toutes les inactions et les intrusions inutiles du gouvernement togolais dans les affaires de la fédération togolaise de football (FTF). C’est ainsi et cela a besoin d’être compris une bonne fois pour toute au Togo : le gouvernement peut et doit payer pour ses couleurs nationales mais il ne lui appartient pas de gérer la FTF en créant des comités administratifs bidons ou favoriser l’élection de certains protégés ou encore nommer tous ceux qui ont échoué à se faire élire régulièrement. Ensuite pour le football africain, l’ère du président Issa Hayatou et ses amis est entrée dans une phase d’inefficacité sans autre issue que la poursuite de ce confort malsain dénommé le Principe de Peter, car insensible et éloigné de toutes les subtilités du terrain et de l’efficacité. À entendre l’hérésie déclarative du porte-parole de la Caf, Souleymanou Habouba, tentant de limiter la responsabilité de son organisation en prétendant que la délégation togolaise n’était pas encore arrivée dans leur pré-carré géophysique et que le drame ne saurait alors engager la responsabilité de la Caf, on se croirait aux temps primitifs des balbutiements des théories de la responsabilité jadis étroite, devenue aussi large légalement et moralement de nos jours. Souleymanou Habouba était d’un autre siècle face à la gestion de crise qui est aujourd’hui enseignée dans la plus banale des écoles d’administration publique ou privée. Ce gars aurait du se taire comme son patron Hayatou qui court aux trousses des autorités angolaises et togolaises, et chercher à sauver ce qui reste de cette gestion trop personnalisée du football africain et de son propre honneur. C'est à toute l'Afrique que le président de la Caf, dans sa suffisance outrageuse, vient de faire un mal difficilement contenable sur la planete football. Face à ce drame, que tous les vrais responsables de ce laisser-aller généralisé se désignent par eux-mêmes et agissent en conséquence. Ici également l’incompétence a un prix d’honneur: la démission. Et, il fallait que tout cela arrive à la veille de la première Coupe du monde que l’Afrique accueille sur son sol… Il fallait que tout cela nous tombe dessus au moment où se déroule une honteuse Chasse aux Noirs en Calabre dans la commune de Rosarno soumise à la mafia… Ici et là, il nous faut compter des blessés et des morts inutiles. Condoléances attristées!


Mot à Maux


Rédigé par psa le 09/01/2010 à 14:10