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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Menace, Picasso
Menace, Picasso
L’odyssée du football togolais devrait bien avoir une fin raisonnable après l’entrée par effraction du gouvernement togolais sur ce terrain où il s’était donné un rôle non sollicité. Ce même gouvernement togolais a vu les choses se détériorer, sous ses yeux timides, avant de se résoudre à agir. Et, on a vite su pourquoi : satisfaire l’ambition du ministre Bernard Walla de diriger la Fédération togolaise de football (FTF). M. Bernard Walla est celui-là même qui a démissionné du Comité de la FIFA qui avait pour mission de gérer les élections régulières de janvier dernier ayant finalement abouti au départ de M. Rock Gnassingbé. Avait-il alors l’intention de faire dérailler l’ensemble du processus d’élection ? À tous les conseils de ministres précédents, fort de ses appuis et sous le couvert supplémentaire de sa position de président de l’ASKO de Kara, Bernard Walla a mené tout le monde en bateau, gagnant souvent par alliance sur l’inexpérience avérée du jeune ministre Gilbert Atsou.
À un moment donné, la position gouvernementale se résumait seulement aux points de vue du ministre Bernard Walla qui a réussi par rallier le vieux général Gnofame. La solution concoctée par ce duo et portée sur les fronts baptismaux par Gilbert Atsou laisse un goût édulcoré sentant du frelaté : du vrai Kpayo en somme. Et je ne peux m’empêcher de constater que les personnes qui entourent le chef d’État togolais soient si légères et moins rigoureuses.
Certes, Au commencement était le glaive nous avait prévenu l’autre mal aimé des Togolais, Edem Kodjo –un diplomate en poste au Canada, inconnu de moi jusque là et par le pur des hasards, m’a venté les mérites de celui-ci dans un Centre d’achat à Ottawa mardi dernier. Mais jamais je ne pouvais penser qu’Edem Kodjo en faisait prophétie immuable entre frères ennemis de tout horizon. Ici dans le football togolais, une lame tranchante, ce glaive, voulait à tout prix déloger Tata Avlessi par une décapitation définitive de la présidence de la FTF. L’occasion s’est présentée et toute la fratrie s’y est mise dans la démesure et jusqu’à l’humiliation : accusation de corruption, charges accusatives du général Seyi Memène aidé d’un arbitre togolais juge de profession et d’un juge secrétaire général de la FTF, journalistes peu scrupuleux et quoi encore.
Le résultat est à la hauteur de l’insistance accusative du général Memène : 8 ans d’inactivité dans le domaine du football. Qu’un certain Gabriel Ameyi, vice-président, n’ait jamais voulu de son président, on peut le comprendre sans excuser jusqu’où il a fini par porter son aversion envers l’autre. La surprise est d’apprendre que le vice-président de la CAF, le général Seyi Memène se soit compromis dans cette situation pour appuyer une aventure qui déshonore complètement tout le Togo qu’il a le devoir de protéger et d’honorer. Pourquoi dois-je donc être surpris ? Je me le demande encore.
Véritable aventure de perversion intellectuelle ! Car, s’il faut croire le juge Espoir Assogbavi, parce que, jusqu’au dernier moment, les dissidents comme lui pouvaient acter pour la FTF avec mandat dûment signé de qui de droit, alors leurs absences avérées, documentées, antérieures, aux réunions de la FTF devenaient nulles et de nul effet. Étonnant que notre ami le juge oublie qu’une violation des règles demeure un fait délictuel non éteint en droit, une affaire pendante, laquelle peut être appelée à tout moment, avec ou sans circonstances atténuantes, sauf si le délai de prescription est passé. Et, aller en mission pour la FTF ne peut être confondu à aucune forme de prescription.
Et puis, entre nous, de quelle mission parlons-nous ? À titre d’exemple, on a bien vu l’un des vice-présidents de la FTF prendre les avantages d’une mission et se promener à Lomé sans daigner voyager. Tout le monde savait l’état délétère des relations et le mépris particulier que la bande à Ameyi servait à Tata Avlessi, au prétexte qu’il n’était pas qualifié, qu’il ne posséderait pas des diplômes –je dirai heureusement qu’il n’en possède pas- pour être digne de les diriger, eux autres grands diplômés : Ameyi, Boukpessi, Assogbavi et le curieux Amavi-Patatou.
Heureusement que Tata Avlessi, le non-diplômé et le non-intellectuel-taré à la Kérékou, a trouvé la sagesse de ne pas répondre par une exclusion rapide des dissidents à sa personne plus qu’à sa gestion ; heureusement que Tata Avlessi a trouvé le coup fumant de les exclure au moment où ils s’en attendaient le moins, alors qu’ils chantaient tous victoire, dans l’euphorie de l’adoration du Veau d’or, aidé depuis l’extérieur par une prise de position boiteuse de Seyi Méméne, mal inspiré de surcroît pour interpréter les règlements de la CAF aux antagonistes, sans trahir son propre biais en faveur d’un camp. Depuis, cette bande ne s’en est jamais remis d’avoir fait condamner Tata Avlessi sans pouvoir ramasser, facilement, sa succession à la tête de la FTF.
Il y a un mois cette affaire, triste, a commencé à la FTF. Je tenais à revoir le chemin parcouru. Je devais dire mais dire peu, tout en étant clair que j’apprécie beaucoup le chemin parcouru par ce bonhomme de charpentier de Tata Avlessi que certains Togolais ont trop souvent traité avec mépris. Ce mécène accompli, rare dans le portrait togolais, contre lequel se retournent aujourd’hui certains de ceux-là mêmes qui ont mangé à son généreux râtelier ; ce Tata Avlessi est un modèle en son genre. Il peut ne pas être prophète dans son pays comme l’autre charpentier Joseph, son fils et plusieurs autres infortunés de la terre. Est-ce une raison de le crucifier sans aucune autre raison ?
J’ai appris que la popularité de Tata Avlessi fait des envieux et certains, plus malins, voudront bien l’embarquer comme candidat aux élections législatives… Il a décliné l’offre. Il veut se consacrer à sa passion, le football. Il est inadmissible qu’il en soit privé huit années durant, à travers une conspiration de si bas étage orchestrée par les Togolais contre leur propre compatriote et au mépris de l’image de leur pays. Je ne comprenais rien de l’ampleur de l’infamie, lorsque des semaines avant la date de la sanction, certains journalistes téléguidés par des sonnantes et trébuchantes espèces commettaient des articles demandant la démission de Tata Avlessi avant sa pendaison publique commandée à la CAF. Je ne comprenais rien, mais l’on me rassurait de l’impossibilité d’une telle infamie surréaliste. Et pourtant, la réalité a tout simplement dépassé la fiction. Et ces gens là s’en sont montrés heureux et revendicateurs éhontés du butin du déshonneur.
Dois-je le dire ? Je ne connais pas Tata Avlessi dans le sens de l’avoir déjà rencontré. Je lui ai assez souvent parlé, brièvement, pour m’informer directement à sa source. Il est d’assez grande valeur dans ce qu’il a réalisé sur son chemin, particulièrement comme œuvre communautaire, pour mériter tout mon respect ; et je n’en donne pas de ces complaisants respects. Il y a un mois, cette triste affaire a effectivement commencé à souffler sur un Togo malade de toujours vouloir étouffer et anéantir ses enfants les plus méritants et dignes. Les incapables aux abois pensaient pouvoir triompher facilement : où est votre victoire aujourd’hui, gens de peu de scrupule ?


Mot à Maux


Rédigé par psa le 06/08/2007 à 02:13