Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Courbet, Nue sur la plage
Courbet, Nue sur la plage
Sur le site de Los Angeles Times, j’étais probablement le 2232e a voté pour le sondage en cours, non scientifique il est vrai, qui vise à savoir le comportement de vote dans les hypothèses Hillary Clinton –John McCain ou John McCain-Barack Obama. Le résultat est à la hauteur des thèses qui parcourent la planète des analyses électorales : le pire démocratique est à craindre. Effectivement, toutes choses égales par ailleurs, 2041 répondants étaient divisés entre Clinton (49.3%) et McCain (50.7%). Rien d’étonnant dans ce profil comportemental. Et voilà que la situation change et devient révélatrice au vu de l’autre tendance qui devient: 2232 répondants dont les opinions et les choix sont assez clairs, notamment McCain (25.4%) et Obama (74.6%). Tout est dit ici. Environ 10% des personnes ont fait défection et ne seront pas intéressées à voter si le choix est entre Hillary Clinton et John McCain. Illusion perdue, déception et manque d’intérêt chez ces gens, potentiellement des sympathisants démocrates. Ces personnes n’auront même pas à considérer le choix Hillary Clinton contre John McCain : un non-choix en somme. J’ai presque honte de dire que je suis de ces personnes puisque tout naturellement, face à cette éventualité proposées d’ailleurs en premier lieu, j’ai tout simplement continué pour donner mon opinion, naturellement et instinctivement, sur ce qui me semblait être une vraie occasion de choisir, soit Barack Obama, soit John McCain. Je relie mon propre comportement aux analyses en cours actuellement aux États-Unis, aux prétentions et points de vue assez divergents qui émanent des partisans démocrates surtout. C’est l’auto-gratification dans le camp Hillary qui se déclare seule apte à mériter la nomination démocrate au seul nom d’une divine expérience qui en réalité correspond aux années de Première Dame passées à la Maison Blanche ou comme épouse du gouverneur d’Arkansas, notre ami Bill Clinton. Avouons que c’est une série de raisons très peu démocratiques car, en même temps, rien n’est dit des pages sombres de toutes ces périodes et des autres points d’ombre qui ont existé après le départ du couple Clinton de la Maison Blanche. Cet état d’esprit plonge Hillary dans une campagne négative désespérée contre Barack. Et il n’y a pas plus agressive et méchante qu’une personne sans espoir. Elle en vient carrément à faire la campagne des républicains et c’est ce que constatent les nombreuses analyses. Le risque de cette attitude est de verser dans une démagogie et une forme de renonciation du respect des règles du jeu. On le voit dans le désir d’Hillary de vouloir valider les élections dans les États rebelles –par rapport aux règles électorales des démocrates- de Michigan et de la Floride. On le voit aussi dans la pression mise sur les Super-délégués démocrates. Mais, soutiennent certains analystes, nous sommes en démocratie où la règle de la majorité doit prévaloir, particulièrement dans les Votes populaires et le nombre de délégués élus dans les primaires régulièrement tenues par les différents États à travers le pays et à l’étranger. Quoi de plus raisonnable! Hors de cette limite, on verse dans une guerre fratricide inutile et illégitime que dénoncent certains observateurs. Les Super délégués n’ont de choix qu’à suivre cette règle de la majorité double des primaires (Vote populaire et Délégués élus) pour consacrer le candidat des démocrates, le candidat de leur propre base électorale. Autrement, s’il venait à l’élite des Super-délégués d’aller à l’encontre de cette règle fondamentale de la démocratie qu’est la majorité populaire et élective, la grande déception gagnerait bien les rangs de la base électorale des démocrates, et la défection qui en résultera ne profitera qu’aux républicains qui se lèchent les babines devant cette possibilité de jouissance sublime. C’est devant cette situation que l’on en vient à constater qu’Hillary Clinton joue au kamikaze politique, à la maniaque de la table rase et du Tout-sauf-Obama, si ce n’est à une Sans-moi-le-déluge ou à un Pas-un-pas-sans-moi destructeur d’une occasion unique de changement et de restauration de l’espoir et du respect au bénéfice des États-Unis post Georges W. Bush. Tout est là sous nos yeux. Rien ne peut arrêter le phénomène politique qu’est Barack Obama. Il mène autant par les faveurs du Vote populaire (12 992 769 contre 12 406 988) que par l’engagement des délégués élus (1 366 contre 1 222), avant les primaires du Wyoming et du Mississipi. Mathématiquement, la tendance ne peut être renversée, du moins en termes de délégués. Une reddition d’Hillary pourrait lui restituer une certaine respectabilité, dans ce combat perdu sur le terrain de la démocratie, de la popularité et du savoir-être politique. Et espérer le miracle des Super-délégués serait faire rentrer un vers dans le fruit, un mauvais génie d’égocentrisme dans toute la classe politique démocrate et surtout, cristalliser pour longtemps encore la désillusion et le cynisme face à la politique, particulièrement chez les jeunes. Les démocrates doivent bouger, aller de l’avant sans la solution démagogique, inélégante, dangereuse et extrême proposée par Hillary Rodham Clinton, désormais seule et visiblement nue sur la plage électorale de cette année historique.


Mot à Maux


Rédigé par psa le 07/03/2008 à 08:42
Tags : clinton obama élections Notez