Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




En face de moi, trône d'ailleurs une caricature, extraite il y a bien longtemps du New York Times. Bien longtemps, mais pas trop longtemps, même si le NYT a cessé de publier des caricatures…


Jack Ziegler, 2015
Jack Ziegler, 2015



Allons-y... Disons que sur un tremplin de bonne hauteur citoyenne et pas du tout olympienne, 3 à 5 mètres, avant de sauter dans la piscine, de plonger dans l'eau en bas de lui, le bonhomme se tourne vers le sauveteur de service. La conversation est tout aussi simple, digeste, instructive que très caricaturale de la nature humaine :
Est-ce dangereux ? demande l'homme sur le promontoire, hésitant de plonger dans la piscine. Le surveillant maître de la piscine de lui répondre :
Bien sûr (que c'est dangereux.) C'est pour ça que je suis là !


Voilà la situation de Faure Gnassingbé, parfaitement restituée. Hésitant depuis des années, cette hésitation est devenue une incapacité. Bien sûr que ce n'est pas aisé de sauter, pas facile de prendre de grandes décisions pour soi et pour les autres. Des décisions d'État, autres que débarquer à des funérailles, à des anniversaires ou rendre plusieurs visites au Pape au Vatican. De vraies décisions d'État comme quitter le pouvoir présidentiel usurpé depuis 2005 ; d'une manière ou d'une autre, quitter. Quitter comme partir et continuer sa vie autrement. Et cela peut se faire de mille et une manières. À Faure Gnassingbé, il y a et il peut y avoir une vie après le pouvoir...

Cela peut se faire surtout à hauteur de courage et de volonté de voir le Togo, son propre pays, passer à autre chose. C'est à ce tournant que se retrouve la République. Faure Gnassingbé doit intégrer cette réalité qu'il lui faut être un agent du changement politique incontournable au Togo que d'en devenir la victime. Lorsque l'on a totalement raté, et son entrée en scène et sa prestation, l'on a de choix que de soulever l'admiration et le respect du public en improvisant une sortie ingénieuse. C'est pour ça que le public est là : il n'a pas renoncé au théâtre en cours, il est resté jusqu'à la fin. C'est pour ça que NOUS sommes là, les citoyens, et particulièrement les Engagés de la République. Le Peuple togolais c'est le public maître et assistant. Une sortie de scène ingénieuse et surprenante de Faure Gnassingbé sera hautement saluée par ses compatriotes de partout, dûment accompagnée et soutenue par tous les Républicains, civils et militaires.

Le temps est venu. Le moment est propice pour passer le Togo à la République et à tous ses attributs de respect et de fierté. Sortir de l'anormalité et de l'insincérité des actes et des acteurs, de l'anachronisme et même du chaos dans lesquels la République ne peut continuer à se prélasser et se complaire.

Le Togo est mieux que ce que NOUS en voyons se mouvoir et lever un petit doigt de temps à autre. Le Togo est mieux que ça. Les Togolaises et les Togolais sont beaucoup mieux que ce que la caricature a fait de chacun, Faure Gnassingbé y compris. C'est pour cela qu'un sursaut d'orgueil doit permettre à Faure Gnassingbé, plus que tout autre, de s'armer de courage et d'audace afin de sauter de son tremplin pour regagner le Togo vrai dans la piscine de l'honneur, de la citoyenneté, de la République et du Grand Pardon. Un autre Togo doit naître, un Togo à Éthique républicaine pour chacune et pour chacun, un Togo de l'après...

Nous n'avons pas le choix... Nous en avons juste les moyens... Pendant qu'il est encore temps... Sortons de la caricature du Togo et de nous-mêmes... Tenons nous y... Tenons bon...


PSA
[19 juillet 2020]


PS: Après vérification sérieuse, en scrutant la caricature de plus près, l'oeuvre caricaturale était de The New Yorker, la parution est du 31 août 2015, par Jack Ziegler... Ma confusion.

Silence


Rédigé par PSA le 08/08/2020 à 20:14



Sur le chemin de l’exil se retrouvent d’ailleurs plusieurs militaires togolais : ceux qui un jour ne pouvaient plus supporter l’insupportable d’une armée devenue une colonne génocidaire de la dictature familiale régnante au Togo. À tout cela nous disons… Non !


Le Togo comme un Bobo
Il y a chez les Togolais quelque chose qui ressemble à de la Dignité. Résister à une tyrannie de plus d’un demi-siècle, une dictature qui a commencé aux petites heures du 13 janvier 1963, par le premier assassinat du continent africain d’un chef d’État démocratiquement élu, possède quelque chose d’audacieux et d’héroïque.

Du père Gnassingbé Eyadema au fils Faure Gnassingbé, pratiquement seuls, les hommes et les femmes du Togo luttent contre une dictature implacable qui leur fait subir des vagues d’assassinats, à tour de bras, sous le regard quasi indifférent d’une communauté internationale proche ou lointaine.

Ouvrons ici une parenthèse pour dire que depuis l’assassinat du premier président togolais démocratiquement élu, les archives de la France n’ont jamais été entr'ouvertes au devoir républicain de la science historique pour que les faits de cette tragédie franco-togolaise soient connus de l’histoire des citoyens du Togo. Pire encore, sur ce drame fondateur du Togo se superpose une série récurrente d’assassinats d’État, aussi crapuleux et impunis les uns que les autres, instituant les meurtres ciblés ainsi que les opérations d’exécutions sommaires comme pratiques courantes. Même le covid19 possède déjà son tableau de chasse meurtrière sous le sceau du couvre-feu.

La plus spectaculaire de ces expéditions meurtrières fut la razzia funeste soutenue des populations togolaises voulant s’opposer à la succession de *Faure Gnassingbé* à son père Gnassingbé Eyadema, entre février et avril 2005. Ce fut une particulière période, éprouvante d’homicides organisés, ciblant une partie de la population, et qu’une enquête de l’ONU solda par un bilan d’environ 500 morts. Depuis lors, *Faure Gnassingbé* se déclare président à toute élection, envers et contre tout.


Faure Gnassingbé... Menace
Faure Gnassingbé... Menace
Les Mutilés de l’Histoire

Il y a chez les Togolaises et les Togolais quelque chose qui ressemble à de la Dignité dans la douleur profonde d’un traumatisme ; un bobo si longtemps infecté qu’il résiste encore au soin.

Voilà que le jour même d’un prétendu serment pour un quatrième mandat confisqué au détriment du choix légal et légitime du peuple togolais, Gabriel Messan Agbéyomé KODJO ; probablement dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, un chef de corps de l’armée togolaise, un Bataillon d’Intervention Rapide, fut assassiné dans son bureau à l’intérieur de son camp militaire… Prétendument assassiné par balles et arme blanche ! C’est ça le Togo confisqué qui fait problème au 21e siècle. C’est ça le Togo de Faure Gnassingbé et de ses acolytes et Adowuinon.

Le malheureux lieutenant-colonel Toussaint Bitala Madjoulba n’avait eu aucune chance. Tout porte à croire qu’il aurait marqué une forme de réserve quant à la dernière élection. Soupçons coupables sanctionnés par la totale mort au Togo, cette mort au complet fut d’autant violente qu’elle devrait servir d’exemples à tous ceux qui pouvaient avoir de telles appétences et velléités dans les Forces armées togolaises, la milice d’État.

Sur le chemin de l’exil se retrouvent d’ailleurs plusieurs militaires togolais : ceux qui un jour ne pouvaient plus supporter l’insupportable d’une armée devenue une colonne génocidaire de la dictature familiale régnante au Togo. À tout cela nous disons… Non ! Comme tous les militaires républicains d’ailleurs, et ils existent tout aussi-traumatisés.

À partir de tous ces symboles hyperboles, les Togolais nourrissent l’espoir. Ces êtres persévérants correspondent bien aux hommes et aux femmes du tableau des mutilés de l’histoire de l’humanité. C’est un tableau de maître qui reste encore à peindre. Il est debout sur le chevalet de l’histoire…

Le Peuple disait Hugo, c’est le souffrant qui rit à la surface. Au Togo, les mutilés sont des souffrants qui apprennent à rire, et qui ne refusent pas de repartir tous les jours au combat de leur Dignité… Souvent dans le silence. Souvent la peur au ventre... Si vous avez compris ça, vous aurez compris « ce que l’on a fait au genre humain » au Togo. On lui a nié l’existence pour que ses agitations ne grandissent guère. « On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison » au Togo.

Une fois encore, voilà pourquoi nous disons haut et tout court : Faure doit partir !


PSA
[13 mai 2020]


togo_comme_bobo.pdf Togo comme Bobo.pdf  (560.18 Ko)

Silence


Rédigé par PSA le 13/05/2020 à 02:20



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