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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le Togo possède des atouts pour se hisser définitivement dans la démocratie : la patience légendaire du Peuple togolais devant des dirigeants insatiables dans leur excès de confiscation du pouvoir, l’excès de victoire malsaine des dirigeants togolais sur leur Peuple. Voilà que les inégalités profondes qui avaient germées en contrebas de la construction d’une nation, il y a cinquante ans, et ont persisté ces dix dernières années, ont fini par provoquer des conséquences dévastatrices sur toute une population. Véritablement, ces inégalités profondes devant la citoyenneté togolaise ont fini par éroder la confiance des citoyens, l’honnêteté même des Togolaises et des Togolais, tout comme l’ont fait l’achat et la manipulation des consciences devant l’intérêt général, la complaisance devant l’inacceptable et l’injustifiable oppression ambiante. Il est temps de mettre fin à tant d’excès, et même faire trébucher à la démocratie tous ces récalcitrants, ces imposteurs et leurs affidés. Togolais, nous sommes bien démocrates, et pas moins que les autres; Togolaises, nous sommes désormais des colombes en colère devant tant de petitesses, et face à une rigide intégrale d’idées fixes qui refusent toute réforme.


Togolais, ces Colombes en Colère!
Quiconque chérit la démocratie, contre cette violence organisée en « particules élémentaires » de gouvernance, contre l’émancipation d’un Peuple, de tout un Peuple togolais aux mains nues, ne peut continuer à admettre cette « Soumission » continue à une oppression, et reporter sans cesse l’avènement de l’alternance démocratique aux calendes grecques ou à la semaine togolaise des quatre jeudis. Le temps est arrivé pour mettre un frein à la mise à sac de la fierté de tout un Peuple pendant si longtemps, et au moment même où tous les autres pays africains sont inscrits à la démocratie.

Gloire au pays où l’on proclame sa foi démocratique, et honte au pays où l’on continue de s’agenouiller devant l’oppression de son propre Peuple au nom des avantages indus et de quelques strapontins. Il aurait fallu la réintroduction d’une même loi d’application des accords négociés préalablement, et du poing sur la table des commissions parlementaires pour que les députés du parti présidentiel soient autorisés à faire connaitre, très officiellement, l’intention cachée de leur maitre Faure Gnassingbé depuis dix ans, et pourtant bien connue de tous, de considérer ses deux premiers mandats comme n’ayant jamais existé. Une grosse blague dictatoriale qui couvait depuis toujours!

Le problème politique du Togo n’est donc pas l’opposition, et la preuve est ainsi faite de nouveau. Le problème du Togo est véritablement le pouvoir présidentiel togolais qui a érigé la tromperie, la fraude, l’incompétence et la violence en un système de captation de pouvoir et en mode de gouvernance qui perdure depuis cinquante ans, de père en fils. Et à l’occasion, le pouvoir présidentiel togolais est prêt à utiliser des hommes de paille et à ressusciter des fiers-à bras pour semer la zizanie politique partout où il la croit utile. C’est bien pour cela que l’on assiste toujours à un déchaînement continu des outrages à l’encontre de la détermination affichée par l’opposition nouvelle togolaise incarnée en dehors de la capitulation lamentable du porte-drapeau, séculier et inefficace, que fut Gilchrist Olympio dont l’ère de gloire est bien terminée depuis 2010.

Pour quoi luttons-nous au Togo?

L’idéal du changement démocratique hors de tout achat de conscience, l’objectif de l’établissement et de la poursuite d’une culture démocratique ont ainsi été préservés pour le bénéfice du Peuple togolais. Depuis 2010, la compromission récurrente s’était véritablement effondrée au Togo, même si les adversaires d’une démocratie définitive au Togo pensent toujours s’en sortir en se trompant de cible, sans conscience aucune. Pour quoi luttons-nous donc au Togo si ce n’est la fin d’un seul et même régime qui régente le pays et empêche son évolution vers la démocratie en truquant toutes les élections, en achetant les consciences à la veille des rendez-vous décisifs, en refusant d’appliquer tous les accords négociés et convenus de manière consensuelle?

Partons de l’essentiel de cette anecdote pour nous instruire. À Winston Churchill que son ministre de la guerre suggérait que le budget de la culture devrait être versé dans celui de la guerre au moment même où tout le pays était en lutte contre le fascisme et pour sa survie des mains de l’ennemi, la réponse de Churchill fut alors : «Monsieur le ministre de la guerre, pour quoi luttons-nous alors? » Pour quoi luttons-nous au Togo et pour quoi nos cœurs soupirent tant vers la liberté? Pour quoi tant de Togolaises et de Togolais ont marché tant d’années, courageusement et malgré nos moqueries, si ce n’est pas pour mettre fin, définitivement, au règne des tyrans et de tous les tyranneaux en activité ou en gestation? Nul n’a besoin d’être membre de l’ANC ou appartenir au fan-club de Jean-Pierre Fabre pour sanctifier une telle détermination à pousser, et à repousser encore et toujours en vue de la mise en œuvre des accords politiques au Togo, pour une fois, et sans une autre compromission voulant le dialogue sur l’application d’un dialogue antérieur. Pour une fois, il nous faut sortir du piège de la menterie des usurpateurs du pouvoir au Togo, des profiteurs du drame togolais.

Spolié de ses richesses par des sorties d’argent massives et irrégulières d’un côté, et maintenu sous respiration artificielle par les transferts financiers d’une diaspora compatissante vis-à-vis des familles togolaises restées sur le territoire national de l’autre, le Togo vit un drame presque dans l’indifférence. S’y ajoutent maintenant, une horde de mercenaires en col blanc, aidée de quelques valets locaux disséminés ici et là, de véritables inconséquents et « intellectuels tarés » (dixit Mathieu Kérékou) et timorés pour suggérer le report de la démocratie parce que Faure Gnassingbé ne serait pas encore prêt. Mieux encore, il s’en trouve pour décompter les deux mandats présidentiels effectués par Faure Gnassingbé comme n’ayant jamais existé, au nom d’une Constitution déjà toilettée, nuitamment et méthodiquement, afin de permettre au fils de succéder à son père en 2005. Et l’éthique dans tout ça? L’éthique qui est au-dessus de toutes les Constitutions.

Passer le Togo à la démocratie et à la liberté en 2015

Au-delà de la sous-traitance opérée à travers certains partis politiques devenus des succursales, par-delà tous ces pseudo-démocrates et prête-noms dont certains fossoyeurs, reprenant service, exhume la colonisation et ont recours au cynisme pour expliquer l’autoritarisme ambiant, quelques autres promettent même le Prix Nobel 2015 à Faure Gnassingbé si d’aventure il acceptait de quitter le pouvoir –deux formes d’abomination dont certains Togolais sont malheureusement capables. Il faut véritablement déblayer le terrain, déboucher les portes et les fenêtres, pour qu’enfin la démocratie luise au Togo, puissamment, et bien au-delà du crime presque parfait commis contre la dignité togolaise depuis si longtemps par silence, par complaisance et par servilité.

Depuis que le monde est monde, depuis que l’on peut voir d’où vient le vent, depuis au moins la métaphore Bhagavad-Gita de la philosophie indienne, même avec des frères et sœurs en face, certains combats valent la peine d’être menés. Le combat ultime pour l’alternance politique démocratique se doit donc d’être mené vigoureusement. La bataille démocratique d’abord, et après l’incarnation nouvelle du Togo, le Togo nouveau, la justice, la réconciliation, le Grand Pardon, tout cela et bien d’autres choses nous réuniront par la suite, et seulement après les reformes et leur mise en œuvre effective et de bonne foi.

Aujourd’hui, nous sommes des colombes en colère, des alouettes trop souvent déplumées et en colère, des Togolais-démocrates trop longtemps dépouillés, en colère et révoltés par tant d’années d’indignité organisée par une bande de colporteurs et de démarcheurs de la perpétuation de l’indignité pour accommoder Faure Gnassingbé après ses dix ans d’inaction politique. Faure Gnassingbé doit réellement la démocratie aux Togolais. Et, si délibérément il feint l’avoir oublié, beaucoup trop de citoyens togolais l’ont en mémoire et prêts à aller chercher leur dignité démocratique en cette année 2015; prêts à faire trébucher les retardataires et tous les imposteurs, s’il le faut, et passer le Togo à la démocratie et à la liberté. Une liberté qui saura racheter tout le monde, même si aujourd’hui tous ces adversaires de la démocratie ont droit à tous nos coups, sans complaisance; alors que tous ces combattants de la liberté méritent fortement nos encouragements et notre respect.

Plus jamais, les tueries à l’arme lourde ne résisteront devant notre combat de la raison ainsi que notre détermination et notre capacité du mieux pour le Togo. Toute critique de ce qui s’est passé au Togo depuis février 2005 est parfaitement légitime : il n’y a aucun mal à se faire du bien démocratique. Affirmer le contraire, vouloir reporter la démocratie et l’alternance, c’est de la capitulation devant l’inacceptable du terrorisme de bande et de la terreur d’État institutionnalisés au Togo; ce qui n’est pas plus acceptable à Lomé qu’ailleurs. À tous ceux qui n’ont rien compris encore : Au Togo, la démocratie c’est maintenant, et c’est pour tout le monde!


Mot à Maux


Rédigé par PSA le 10/01/2015 à 09:09
Tags : Démocratie Togo Éthique Notez