Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Quand le passé devient avenir, les difficultés se transforment en espoir. Quasi historique que ce soupçon d’espoir du début du dialogue politique en RD Congo. Rien que des rencontres préparatoires, mais c’est une étape décisive. Seront-ils tous là? Les Katumbi, Tshisekedi et autres Kamerhe? Que donnerait ce conclave unique dans le paysage congolais? Tous les questionnements restent légitimes. Mais l’espoir est toujours permis.La RD Congo n’est peut-être pas proche de la résolution de ses différends politiques. Mais Édem Kodjo vient de franchir un pas décisif, dans la mission de rapprochement des points de vue entre l’opposition congolaise et le pouvoir présidentiel. D’après plusieurs observateurs « Édem Kodjo semble avoir trouvé une voie de sortie. Le facilitateur désigné par l'Union africaine pour la RDC a annoncé samedi 23 juillet le début des travaux préparatoires du dialogue pour le 30 juillet. Selon l'ancien Premier ministre togolais, tous les obstacles à la tenue du dialogue tombent d'eux-mêmes. Mais l'opposition sous l'égide d'Étienne Tshisekedi n'a pas encore dit son dernier mot. » Quel est ce dernier mot? Renoncer à participer au processus du Dialogue en le conditionnant à plusieurs autres préalables. Beaucoup trop s’imaginent encore que la rivière coule en ligne droite. Dans tous les cas, la patience et le métier d’Édem Kodjo, non seulement ont eu raison des réticences les plus coriaces, mais cette somme de qualité a permis aux uns et aux autres de constater que de la place existe toujours aux discussions dans le contexte congolais, même si l’équivoque de la prolongation du mandat détenu par le président Joseph Kabila n’est toujours pas levée, pas plus que ne soit prêt le fichier électoral. Justement, un des arguments imbattables d’Édem Kodjo est resté que c’est bien pour tous ces retards et insuffisances qu’il faut nécessairement se parler avant qu’il ne soit davantage tard. Diplomate né, et homme doté d’une intelligence hors du commun, rien n’a jamais été impossible pour Édem Kodjo sur le plan africain. Alors que tout était bloqué dans cette médiation, Édem Kodjo était resté inébranlable navigant entre tous les acteurs, faisant tomber toutes les barrières et chacun des obstacles ou préjugés amassés les uns contre les autres. L’annonce du début officiel des rencontres, dans huit jours, est un motif de satisfaction face à l’immensité de la mission congolaise. Qu’il soit à Kinshasa ou à Bruxelles, à Addis-Abeba ou à Lomé, la disponibilité d’Édem Kodjo était totale, et les réunions téléphoniques autant que les rencontres bilatérales et multilatérales, les plus utiles et stratégiques, ont toujours été égrenées, occasion par occasion, pour « travailler au corps » toutes les parties prenantes avec les mêmes respects et soucis de résultats. Dois-je le dire, même si je ne m’en cache jamais? C’est ma fierté jamais dissimulée, en tout temps et en tout lieu, d’avoir une personne aussi chevronnée et d’aussi grande envergure dans mon premier et proche rayon. S’il m’est difficile de parler aussi régulièrement que d’habitude à Édem Kodjo ces temps derniers, sans aucun doute à cause de cette mission congolaise, et même si mes coups de fil à Lomé ou Kinshasa sont souvent tombés en pleines réunions stratégiques ces derniers mois, les quelques moments qu’il prend pour me rappeler me sont des heures verticales, et de plaisir, que je sais savourer avec une délectation tout horizontale. Heureux toujours que tant de difficultés n’aient pas eu raison d’une détermination aussi affirmée que si peu exubérante. C’est bien l’homme que les siens aiment détester au Togo et que l’Afrique entière adore vénérer pour sa densité. C’est un destin particulier, un dessein virevoltant qui ne s’est jamais démenti, entre vents et marées. Dans les « Thèses de la philosophie de l’histoire », Walter Benjamin (1892-1940), fils d’un antiquaire lui-même, écrivait ce passage étonnant et instructif : « il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble avoir dessein de s’éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. (…) Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d’évènements, il ne voit qu’une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d’amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si forte que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l’avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. » Un progrès mû par un homme qui sait renouveler tous les branle-bas. Et les branle-bas comme les craintes de la RD Congo ne sont pas des moindres, lorsque tout ce passé litigieux dévolu au présent devient si brusquement avenir et espoir. Que de travail abattu, même si rien n’est encore joué... Un prétexte de fierté, surtout, lorsque la compétence devient si reine. Diplomatie Publique
Rédigé par Pierre S. Adjété le 25/07/2016 à 04:00
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