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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Nulle part si ce n’est sous la pointe de la dictature, les humains ne choisissent les mêmes gouvernants ou système cinquante ans durant. Au Togo pas plus qu’en Allemagne, Belgique, Colombie, France, Niger et ailleurs en Afrique du Sud, Brésil, Canada, États-Unis et autres, voilà que cette soif du changement est réellement refusée par les tenants du pouvoir. Nouvelle occasion manquée au Togo!


Togo Yéyé
Que voulons-nous réellement pour le Togo? C’est la question fondamentale qui permet de cerner la tournure des choses dans ce détournement, à ciel ouvert, de la volonté de changement exprimée dans les dernières élections législatives togolaises. Ce dernier jeudi de juillet 2013 est ainsi devenu une occasion ratée pour un Togo nouveau, un Togo démocratique, un Togo Yéyé de la raison et de la réconciliation. Mais quel qu’en soit la suite des choses, l’engagement pour le changement et l’alternance politique doit se poursuivre

En fait, y croyions-nous vraiment? En réalité non! Et c’est parce que nous étions nombreux à ne pas y croire que nous avons insisté auprès des nôtres, familles et amis, pour qu’une fois encore ils aillent, toutes et tous, exprimer leur choix du changement. Car c’est bien de l’amorce du changement que les citoyens du Togo ont besoin depuis hier certes, mais surtout aujourd’hui.

C’est effectivement une constante que le changement fait partie de notre humaine condition; et au Togo, un peu plus. Nulle part si ce n’est sous la pointe de la dictature, les humains ne choisissent pas les mêmes gouvernants cinquante ans durant. Au Togo pas plus qu’en Allemagne, Belgique, Colombie, France, Niger et ailleurs en Afrique du Sud, Brésil, Canada, États-Unis et autres. Voilà que cette soif du changement est réellement refusée par les tenants du pouvoir. Et c’est dommage!

Ce constat de refus est réel. Pour une fois dans l’histoire du Togo de ces temps modernes, l’opposition a su se rassembler sous des entités relativement efficaces dont la plus avant-gardiste est le Collectif Sauvons le Togo (CST). Le CST, et surtout l’ouverture de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et de son leader Jean-Pierre Fabre aux partis beaucoup plus modestes, ont aidé à bâtir un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile aptes à un travail d’équipe porteur du changement.

Parler d’unité d’action au Togo était chose impossible du temps de la domination d’un Gilchrist Olympio sur les autres leaders, les Agboyibo, Kodjo, Gnininvi de ce monde politique. Le résultat, tout le monde le connait : désespérément insignifiant. Le devoir d’unité pour arriver au résultat était donc impérieux et c’est le mérite du CST d’avoir su le réaliser. Sa prétention à la victoire, tout le moins à une prestation remarquable n’était que juste ambition. Une ambition supprimée, alors que l’alternance et la cohabitation demeurent des fatalités politiques incontournables et indispensables à la démocratie.

Seulement, nombreux ont espéré un soupçon de démocratie sans compter avec la fraude inintelligente et flagrante des tenants du pouvoir politique au Togo. Des résultats préfabriqués sont exhibés au monde entier, quelques heures de la fin des votes au Togo. Un Togo incapable d’organiser des élections propres et crédibles qui brutalement, en moins de 24 heures, sort de nulle part des résultats tellement propres qu’ils ne pouvaient qu’être fabriqués à l’avance… Un Togo désespérant et un Togo incapable d’écouter la voix de la désespérance de ses citoyens; un Togo qui n’en peut plus de ne pas être un pays normal où fierté, dignité et éthique redeviennent la norme ainsi que le ferment d’un nouveau départ. Un Togo comme personne n’aimerait son pays.

Tout le monde savait que l’alternance aux présidentielles était bien l’enjeu de ces élections législatives au Togo; avril 2015 commençait bel et bien en ce juillet 2013. Le pouvoir tente d’effacer cet horizon d’une dynamique attendue par des millions de citoyens, en empêchant toute présence de l’opposition qui aurait gêné la prochaine Assemblée Nationale dans son envie de verrouiller les portes du changement politique attendus par des citoyens réellement fatigués par la cinquante d’années du même système. Que voulons-nous pour le Togo? Un changement pacifique qui libère les énergies en berne et en attente, ici même au Togo et dans la diaspora. Que voulons-nous? Des élections et surtout des résultats crédibles… La vérité des urnes!

Toutes les énergies doivent converger de nouveau pour que le Togo change, et qu’il change en bien pour tous ses citoyens; de partout, nous devons afficher nos couleurs, celles du changement et de l’alternance, celles du Togo Yéyé. Comme d’autres auparavant, comme ailleurs auparavant, le changement doit résonner encore plus fort au Togo et autour du Togo. Trop c’est assez, un autre Togo doit naître : un Togo nouveau, un Togo Yéyé. Nous agissons en l’affichant notre Togo Yéyé que nous appelons de tous nos vœux… Il faut que ça change au Togo :
togo_yeye.pdf Togo Yéyé.pdf  (487.25 Ko)

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 27/07/2013 à 17:52



S’il avait eu un fils, déclarait l’an dernier Barack Obama, il «ressemblerait à Trayvon» Martin, tué par un vigile volontaire en février 2012. Le dénouement du procès montre une Amérique comme certains ont oublié qu’elle est restée : incompréhensible.


Le procès Zimmerman, une radiographie de l’Amérique

La phrase du premier président noir des États-Unis avait touché. Un an plus tard, le meurtrier du jeune collégien afro-américain de 17 ans, George Zimmerman, de père blanc et de mère hispanique, a été acquitté en Floride. Sans contester la légitimité du verdict prononcé par un jury populaire composé étrangement de six femmes, dont cinq blanches et une hispanique, l’acquittement ne manque pourtant pas de soulever de nombreuses interrogations. Car le procès a été vécu davantage comme une radiographie de l’Amérique d’aujourd’hui que comme une procédure judiciaire.

Il a rappelé que la société post-raciale qui aurait vu le jour au lendemain de l’élection de Barack Obama était un mythe. Or on tend à se bercer d’illusions. Le racisme n’apparaît plus comme une raison socialement acceptable pour expliquer des pratiques discriminatoires. Le zèle avec lequel l’accusation a refusé d’aborder l’hypothèse de profilage racial de Trayvon Martin en est une illustration.

Un récent ouvrage, The New Jim Crow, en référence aux lois discriminatoires envers les Afro-Américains en vigueur jusque dans les années 1960, le souligne: l’Amérique a remplacé le système de castes par un contrôle massif des Noirs, par le biais du système judiciaire et carcéral. Alors qu’ils ne représentent que 12% de la population, 42% des condamnés à mort sont Afro-Américains.

Il n’est pas étonnant que l’acquittement de George Zimmerman soit vécu comme une nouvelle discrimination. Il s’ajoute à deux décisions de la Cour suprême qui déstabilisent la communauté noire: l’une affaiblissant le principe de discrimination positive à l’université et l’autre abrogeant une clause fondamentale de la loi sur le droit de vote de 1965, qui imposait à quelques Etats ayant pratiqué la ségrégation raciale de soumettre les modifications de leurs procédures de vote au contrôle de Washington.

L’autre enseignement majeur à tirer du verdict concerne la légitime défense. L’acquittement confirme le droit d’user de son arme à feu si l’on se sent menacé de mort ou dans son intégrité corporelle, un principe ancré dans une loi, «Stand Your Ground», appliquée en Floride ainsi que dans une vingtaine d’autres États. La notion reste vague, et l’Etat se fait le promoteur d’un comportement de cow-boy qui n’est pas digne d’une société démocratique moderne. Mais il consacre la toute-puissance de la National Rifle Association, le lobby des armes. ///////Stéphane Bussard


Mot à Maux


Rédigé par psa le 15/07/2013 à 00:01



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