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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La mise à nu générale a commencé autour de la Syrie, et pas seulement chez les occidentaux; les Républicains eux-mêmes sont piégés par le débat annoncé au Congrès américain. Face aux missiles prêts à partir, les pays arabes, eux aussi, sont sommés de se positionner autant que les pays africains. La Russie ou encore l’Iran ne sont pas en reste, qui tentent toujours de manière presque désespérée – comme on refuserait d’ôter la dernière feuille de vigne – de semer le doute sur les responsabilités du massacre à l’arme chimique.


Tout le monde à poils, autour de la Syrie


Les missiles Tomahawk américains n’ont pas (encore) décollé en direction de la Syrie, mais cette simple éventualité a déjà produit son lot d’éclopés. Comme un mauvais décor de cinéma, ce sont les faux-semblants, les ambiguïtés et autres hypocrisies qui s’écroulent les uns après les autres. L’interminable pourrissement de la guerre syrienne s’était accommodé de cette abondance de duplicités. Aujourd’hui, c’est entendu, rien n’est résolu, bien au contraire. Mais les uns et les autres, au moins, sont forcés de jouer cartes sur table.

Le gouvernement britannique, fer de lance éphémère d’une attaque sur Damas? Renvoyé par les parlementaires à réfléchir sur les mensonges du passé et sur la place réelle que veut occuper désormais la Grande-Bretagne dans le monde. La France, dont le président François Hollande se retrouve soudainement seul sur le front, lui qui croyait être porté par le vent de l’histoire? Bien incapable d’occuper cette place, voilà Paris obligé de clarifier sa position, et de déterminer ce qui le motive réellement: «punir» le régime de Bachar el-Assad pour avoir utilisé des armes chimiques? Porter assistance au peuple syrien? Ou plutôt mener à relativement bon compte, sous le parapluie américain, une opération qui soulage les consciences mais ne résout rien sur le fond?

Malgré les médisances sur ses «tergiversations», l’administration américaine en est, elle aussi, réduite à annoncer clairement la couleur. S’il restait le moindre doute, le voici dissipé: personne ne veut s’enfoncer dans le bourbier syrien. Mais, dans le même temps, personne, à Washington, ne souhaite un monde dans lequel on utilise des armes chimiques sans avoir de comptes à rendre à la puissance américaine. Barack Obama ne peut plus cacher l’embarras d’une Amérique en retraite. Habilement, le président a refilé le fardeau aux congressmen. A eux de se débattre dans leurs propres contradictions.

Cette sorte de mise à nu ne s’applique pas qu’au camp occidental. Face aux missiles prêts à partir, les pays arabes, eux aussi, sont sommés de se positionner. La Russie ou encore l’Iran ne sont pas en reste, qui tentent toujours de manière presque désespérée – comme on refuserait d’ôter la dernière feuille de vigne – de semer le doute sur les responsabilités du massacre à l’arme chimique.

Les pans du décor tombés, le vrai débat peut commencer. Il ne concerne que de très loin le sort de la population syrienne. Mais il dévoilera, in fine, les rapports de force qui règnent réellement autour d’une Syrie toujours à feu et à sang. /////////Luis Lema


Mot à Maux


Rédigé par psa le 03/09/2013 à 06:06
Tags : Obama Syrie Notez



Face à la tragédie humaine de la guerre civile syrienne, experts, politiques et journalistes aimeraient avoir des certitudes que personne ne peut leur donner. De fait, si la force devait parler, l’espoir, maigre, est de croire qu’elle pourra donner un souffle nouveau à la diplomatie.


Syrie : Nous revoilà dans l’angoisse de l’incertitude

Dans quelques jours, l’Amérique pourrait lancer une campagne militaire contre le régime syrien de Bachar el-Assad afin de donner au tyran de Damas un signal de fermeté, mais sans le renverser. Une offensive à reculons, si l’on peut dire.

Face à la tragédie humaine de la guerre civile syrienne, experts, politiques et journalistes aimeraient avoir des certitudes. Prédire qu’une intervention militaire américaine va entraîner toute la région, voire, pour les plus alarmistes, la planète entière, dans un conflit qui aurait des conséquences incalculables. Ou croire que des frappes aériennes, même limitées, permettront de mettre un terme à une boucherie qui, en deux ans et demi, a fait plus de 100 000 morts.

Or le chaudron syrien a fait fondre la moindre certitude. C’est en réaliste, conscient des difficultés, que Barack Obama a longtemps refusé toute action militaire, sans savoir quels pourraient en être les bénéfices à long terme.
Aujourd’hui, il a la tête entre le marteau et l’enclume. Ne pas intervenir, c’est promouvoir l’impunité du sanguinaire Bachar el-Assad et du régime iranien, qui use mieux que jamais son pouvoir de nuisance régional en soutenant en armes et en argent son allié chiite de Damas et en encourageant le Hezbollah à combattre l’opposition syrienne.

Intervenir, c’est s’aventurer dans l’inconnu. L’ex-conseiller de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, a beau déclarer qu’une opération militaire doit s’inscrire dans une stratégie globale, personne n’est à ce jour capable d’en échafauder ne serait-ce qu’une ébauche. L’ancien président français, Valery Giscard d’Estaing, se positionne contre l’intervention militaire en préparation, le Pape François déclare une journée de jeûne, etc. Dès lors, toutes les hésitations et surenchères se confortent à Londres, Paris et Washington, particulièrement dans les recours aux appuis des différents parlements.

L’impuissance des Occidentaux et du monde arabo-musulman n’a d’égal que le refus de la Russie et de la Chine d’assumer leur responsabilité de grandes puissances. Le désarroi général produit aussi d’étranges effets. Quelques voix européennes, qui fustigeaient l’impérialisme américain en Irak et au Kosovo, appellent aujourd’hui les États-Unis à rétablir l’ordre dans un Moyen-Orient où leur influence ne cesse de diminuer. De l’autre côté, les manifestations anti-guerres ainsi que des porte-voix se libèrent : les populations en ont assez des guerres et le disent dans les sondages d’opinion. De fait, si la force devait parler, l’espoir, maigre, est de croire qu’elle pourra donner un souffle nouveau à la diplomatie.////////Stéphane Bussard


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 01/09/2013 à 08:15



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