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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L’ère Macron est particulièrement symptomatique de la perversion de l’idéal démocratique en Afrique francophone


Niger… Une France Éthique est Possible
L’affranchissement du Niger de la France, car c’est bien de cela qu’il s’agit, intervient après ceux du Mali et du Burkina Faso dans un Sahel en proie au terrorisme, particulièrement depuis la fin chaotique, en 2011, du régime Kadhafi en Libye . La France politique doit pouvoir en tirer tous les enseignements et préceptes, agir en conséquence surtout, face à la réalité d’un monde en pleine mutation quant à la redéfinition des rapports entre les États.

La formule originale nous vient du Québec : « La Liberté ne fatigue pas les Peuples », disait l’écrivain et cinéaste Pierre Falardeau ; il en est ainsi également de la Dignité des Peuples qui reste difficilement marchandable à travers les âges. La vocation de l’Afrique n’est pas d’être un continent d’approvisionnement en ressources brutes, éternellement soumis aux intérêts externes. C’est véritablement ainsi, et de nombreuses populations humaines ont retenu la leçon de Montesquieu, depuis quelques siècles déjà : « nous ne faisons rien de mieux que ce que nous faisons librement » selon les enseignements publiés en 1748, depuis Genève, à travers « De l’esprit des lois ».

Librement, le monde change et il n’arrêtera pas de changer; c’est même un principe inaltérable qui peut être élevé en loi universelle, sans grand risque de se tromper. Dignement, l’Afrique change et elle change plus vite qu’elle ne le laisse paraître à travers ses représentants officiels, les dirigeants politiques, les chefs d’État et de gouvernements notamment.

Cette dichotomie entre l’Afrique des gouvernants et l’Afrique des profondeurs qui n’est rien d’autre que la jeunesse africaine concentrée dans les villes africaines ainsi que dans celles du reste du monde, une telle distance demeure encore une énigme, voire un embarras pour la gent politique. Contrairement aux idées reçues, la connexion est entière, suffisante et quasi journalière entre la jeunesse des villes, des campagnes et des diasporas africaines. Pour être substantiellement représentatives, les perspectives d’émancipation et du renouveau africain, celles du désir de changement, de liberté et de dignité véhiculées par la jeunesse africaine n’ont pas besoin d’être unanimes, mais suffisamment majoritaires pour se reconnaître dans les tournants audacieux de l’histoire.

Dans cette jeunesse mondialisée se retrouve le besoin pressant d’une autre Afrique. Une telle exigence est amplifiée par d’innombrables perversions de la démocratie promise par des Constitutions devenues incertaines, aléatoires et soumises aux fantaisies des élections systématiquement truquées ne produisant que des résultats falsifiés, des recours fardés, de fréquents abus de pouvoir ainsi que des violations de droits de la personne cautionnées par le silence de la France politique, etc. Très curieusement, l’ère Macron est particulièrement symptomatique de la perversion de l’idéal démocratique en Afrique francophone .

C’est de cette France-là que les Africains francophones veulent s’émanciper. Et, ils sont bien compris et supportés par le reste du continent au point que la solidarité naissante met véritablement en danger les intérêts et la respectabilité de la France-État. C’est une tâche énorme que de combattre les Peuples qui pensent n’avoir rien à perdre, au point de « lutter pour l’Honneur et la Dignité ». C’est une tâche immense pour la France de vouloir « rétablir l’ordre constitutionnel au Niger » après un coup d’État reçu comme libérateur, tout simplement frondeur d’une France en déphasage avec l’Afrique réelle, l’Afrique jeune, forte et friande d’un avenir émancipatoire.


Niger… Une France Éthique est Possible
L’Afrique s’est réveillée… la France tremble


C’est donc à une FRANCEthique qu’il faut faire appel dorénavant. Une France moins arrogante qui aura l’humilité de savoir s’adapter à l’éveil africain. Investir dans une France débarrassée de ses aspérités obsolètes est aujourd’hui un impératif catégorique, inaliénable et inévitable. En son temps Alain Peyrefitte l’écrivait dans un essai retentissant, et en misant seulement sur la taille et la croissance de la Chine en pleine révolution culturelle : « Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera » . Malgré toutes les critiques, le parlementaire et homme politique français avait eu raison en voyant un peu plus loin, et assez tôt que plusieurs de ses contemporains…

Dirions-nous un demi-siècle plus tard précisément, en 2023, alors que l’Afrique regorge autant de ressources minières, humaines et territoriales, dirions-nous maintenant que: « Quand l’Afrique s’éveillera… le monde tremblera en commençant par la France? » La tentation est grande… Résistons toutefois!

De toutes les aventures colonialistes d’une autre époque, la France est restée la seule à n’avoir pas assumé son désengagement effectif, sa démobilisation administrative, militaire, politique et monétaire. Le franc CFA, les bases militaires, la béquille des dictatures et l’instigatrice de nombreux coups d’État dont le tout premier assassinat d’un chef d’État , en plein exercice de son mandat démocratiquement acquis dans une consultation sous la supervision des Nations unies, tous ces exploits rendent la France responsable de ses propres malheurs sur le continent africain.

C’est à tout cela qu’il faut tenter de remédier aujourd’hui, courageusement, adroitement et prestement. L’Éthique du changement est plus qu’une intention souvent annoncée et jamais accomplie. L’Éthique en elle-même est un acte définitif, circonstancié, précis, détaillé ; l’Éthique est une décision qui resonne et peut être analysée et évaluée dans l’espace public à travers ses conséquences, ses effets et ses résultats. C’est désormais à une Éthique aussi moderne que la France doit recourir, consciemment et volontairement. Cette Éthique ne réside nullement dans le déclenchement d’une guerre d’invasion et d’occupation du Niger, directement ou indirectement, pour rétablir un ancien président considéré asservi à la France.

Une FRANCEthique est bien possible. C’est d’ailleurs à cette France courageuse que se réfèrent les nombreuses voix africaines, européennes et françaises. Il n’y a donc aucun mal à écouter l’état du monde et du continent africain, sa jeunesse profonde surtout; il n’existe aucun mal à repositionner la France en Afrique et à mettre en orbite une relation originale avec l’Afrique nouvelle en effervescence. La France possède des atouts et des acquis pour relever opportunément ce défi : elle ne partirait pas de zéro.

•18 août 2023•

Horizon


Rédigé par PSA le 18/08/2023 à 01:00



LIBERTÉ… Le Retour

Le Togo futur, probablement très proche de nous, pourrait-il aussi relever du hasard du simple alignement des étoiles ? En dictature tout est possible, même l’irrationnel, l’incompétence souvent, l’arbitraire surtout…

Dans tous les cas, c’est le hasard de l’incompétence qui a présidé à la validation du "Mémoire de l’avocat du journal LIBERTÉ" par la Chambre administrative de la Cour suprême du Togo. Le même hasard de l’incompétence qui avait conduit à l’abus de pouvoir ayant motivé la condamnation du journal LIBERTÉ par la HAAC, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, le 1er février 2023.

Décidément, le Togo ne tient qu’à un mince fil dégradé de l’arbitraire triomphant, de l’injuste discrétionnaire et de l’illégal permanent. Pire encore, la décision de validation d’un démembrement de la Cour suprême du Togo qui redonne droit de parution à LIBERTÉ n’existe nulle part pour consultation, pour lecture, au moment où ces lignes sont écrites.

À ce niveau élevé d’une juridiction à prétention nationale, la Cour suprême du Togo, cela ne devrait pas être la pratique. LIBERTÉ paraît et réapparaît jusqu’à nouveau désordre. L’aléatoire... C’est aussi le propre des dictatures comme celle qui sévit au Togo : l’ordre y est éphémère, momentané, provisoire, épisodique, très variable, à la limite de l’informel et en plein dans la confusion totale.

C’est probablement cette confusion qui fait dire à un citoyen togolais que : « Faure Gnassingbé possède une vision politique… Cette vision politique est la confiscation du pouvoir. » Cette énormité est dite en 2023 au pays de Sylvanus Olympio. Cette absurdité langagière réveille par le coup violent qu’elle donne au ventre de chaque Togolais. Cette forme d’outrage à la bonne gouvernance témoigne parfaitement du clair-obscur qui régente le Togo depuis trop longtemps et a fini par déteindre sur le subconscient de certains citoyens togolais.

Manifestement, la politique routinière ombre-lumière, père-fils, qui se pratique au Togo ne fait pas que semer la confusion. Cette politique a pour dominante les ténèbres stationnaires ou en mouvements, ici et là repris, du Gabon au Tchad, du Cameroun à l’Ouganda et au Congo, avec des contrastes en Côte d’Ivoire, au Niger, au Sénégal, etc. Cette politique contamine dangereusement les esprits.

Mélange du Genre… Ombre-Lumière

Non ! La confiscation du pouvoir n’est pas une vision politique, quoi qu’on dise et quoi qu’on prétende. Pourquoi ? Parce que la Politique possède une visée aristotélicienne autre que sa simple conservation, Faure Gnassingbé n'a aucune vision politique, foncièrement noble, à faire valoir pour le salut du Togo. Les Togolaises et les Togolais l’auraient d’ailleurs su depuis bien longtemps, depuis tout le temps qu’ils ont payé le lourd tribut pour la succession du fils au père.

La visée de la politique, le but de la politique, c'est l'art de la gestion bonne de la cité et de la chose publique ; c'est de l'Éthique publique dont il s’agit... C'est donc dans l'Éthique publique que la vision politique se forme, s'articule, s'énonce, se déploie, se mesure et se fait apprécier de tous et de chacun. Faure Gnassingbé n'a aucune vision qui soit politique. Il ne faut aucunement pas confondre le mal au bien, mélanger une chose et son contraire.

Désespérément, le régime togolais déploie ses ailes pour s’approprier l’air du temps panafricain qui souffle de nouveau sur toute l’Afrique. Désespérément, ce régime ne peut incarner que les deux seuls rôles abandonnés par le reste des acteurs politiques continentaux : le tragique ou le burlesque, les interdictions des médias ou les détournements du fonds Covid-19. Boulimique, trop souvent le régime s’empare des deux rôles disponibles avec maladresse, gloutonnerie et rapacité.

Malgré tous les déguisements et les voies de contournements empruntées, la plus longue dictature sur le continent africain, le régime togolais, se fait reconnaître partout où il passe, au point de devenir la mascotte d’un temps révolu dont tous ses tenants n’arrivent pas à échapper où qu’ils se retrouvent. Sauf s’il est en séjour dans une autre dictature, Faure Gnassingbé lui-même doit pratiquement fuir la diaspora togolaise ; c’est ce que font d’ailleurs tous ses ministres en voyage à l’extérieur des frontières du Togo.

La dictature collée au visage comme leur seul sourire, les Togolaises et les Togolais n’en peuvent plus de voir leur dignité bafouée partout où ils passent, à cause d’une liberté si longtemps confisquée. Celle du journal LIBERTÉ est au moins de retour. Pour combien de temps avant l’inéluctable grand soir de l’effervescence générale ? C’est déjà ça !


PSA
Québec, Canada
•6 mars 2023•



Mot à Maux


Rédigé par PSA le 10/03/2023 à 07:39
Tags : LIBERTÉ Togo Notez



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