Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




En Crimée comme en Risée
Croyez-le ou non, il y a à peine quelque jours, jeudi nuit notamment, après la remise du doctorat honorifique à Mme Sheila Fraser par l’ÉNAP, je discutais politique avec une amie et étions arrivés, au constat que d’entre les anciens pays de l’ex URSS, seule l’Ukraine piétine toujours… comme le Togo le fait depuis la même période comparative. Cette analyse m’était encore venue à l’esprit hier, ne sachant pas que le jour du cinquantenaire d’indépendance du Togo, le 27 avril 2010, l’Ukraine allait s’offrir en si grand spectacle, exposant sa désunion au monde entier par des empoignades et des coups de poings entre parlementaires. Motif : la reconduction ou le renouvellement du bail consacrant la présence d'une flotte russe à Sébastopol, en Crimée, sur la mer Noire, jusqu'en 2042, au lieu de la fin prévue en 2017. À la clé, 30% de réduction du prix du gaz russe ainsi que des promesses de bouclage du budget avec des investissements privés, l’aide du FMI, etc. Désolant ! Au Togo, l’on n’a pas fait mieux ce 27 avril 2010, jour du cinquantenaire. Un pays divisé s’est aussi offert au regard du monde, médusé par l’incapacité collective des Togolais à venir à bout de leur division politique. Le président togolais n’a particulièrement pas joué haut à travers son discours de circonstance. Sans avoir lu aucun commentaire sur le discours de Faure à l’adresse de ses concitoyens, j’ai senti depuis hier que les mots qui étaient utilisés manquaient de sens et de portée adaptée à la situation. Je suis même sur qu’un Debbasch facturerait ce discours au prix fort, pour le peu de travail qu’il a pu y apporter, probablement aux côté d’autres Togolais. Le résultat demeure plutôt moyen, très moyen même. Le résultat reste plutôt un amoncellement de mots et de noms incapables de toucher les gens, incapables de traduire une volonté et une conviction. Faure n’est pas connu pour être un intellectuel ; il n’ ya avait aucune raison de lui agencer des mots qui ne lui ressemblent pas. Non ! Faure doit faire le ménage dans ses conseillers : on n’a pas le plaisir de lire ses discours une deuxième fois… on imagine même toute la peine qu’il s’était donnée lui-même à le lire une seule fois. Un discours peut faire un événement, surtout qu’au Togo, personne ne se parle entre pouvoir et opposition. Un discours peut servir de référence depuis le long silence de Faure lui-même et face à la contestation assidue de son pouvoir et sous sa fenêtre. L’enjeu était grand ; je ne crois pas qu’il a été relevé adéquatement ; le président togolais devrait s’en servir beaucoup plus que ce qu’il a fait de cette occasion. Que ce soit en Ukraine ou au Togo, il y a l’après 27-avril-2010 qu’il faut commencer à gérer sérieusement. Évidemment le cas Togo m’interpelle davantage… Encore une fois, Bonne fête Togo ! ... Si réellement l’heure du Pardon a sonné, il doit être l’heure du Grand Pardon!



Mot à Maux


Rédigé par psa le 27/04/2010 à 14:00