Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le seul pouvoir connu de la fragilité demeure toujours l’écoute. L’écoute de soi, l’écoute des autres, l’écoute de son environnement… l’écoute. C’est aussi cela Noël… Bon à écouter!


Daniel Robinson, Fragilité
Daniel Robinson, Fragilité


Une nouvelle version de la banalité du mal est à l’œuvre dans nos sociétés, dit la philosophe et psychanalyste française Julia Kristeva, qui la décèle dans «l’automatisation en cours de l’espèce humaine». De nos jours, elle se loge par exemple dans certains automatismes que génère la soumission à des contraintes auxquelles l’homme ne peut plus échapper, comme la performance au travail, l’urgence ou la compétitivité. On la voit à l’œuvre dans l’injonction «réussis ou crève» qui semble flotter dans l’air du temps. Elle est aussi perceptible dans la difficulté à tenir compte des ressources limitées de la planète.

Elle a pour corollaire une culture de l’éphémère, une perte de la mémoire longue, une hyperactivité effrénée qui nous rend incapables de réfléchir, et une communication souvent vide de contenu. Nous vivons à l’époque de la performance insignifiante, dit le philosophe italien Fabio Merlini dans un livre récent -L’époque de la performance insignifiante, Éditions du Cerf. La machine tourne à vide. La désorientation est totale. Cette situation engendre des souffrances et des protestations que l’on aurait tort d’ignorer.

Il est peut-être utile de tourner nos regards vers cet enfant né dans une étable au sein d’une famille pauvre. Sa vie et sa mort sur une croix ont été à l’origine d’une nouvelle civilisation qui a engendré, sans toujours parvenir à les respecter, des valeurs altruistes précieuses et pacifiantes. Noël est le symbole du pouvoir de la fragilité. En effet, plus qu’une faiblesse, elle est une force. Car ce n’est qu’en se reconnaissant vulnérable que l’être humain peut créer les conditions de sa survie, et travailler à un monde plus équitable, moins violent et plus respectueux des ressources disponibles.

La fragilité sauvera-t-elle le monde, pour paraphraser Dostoïevski? Ce n’est pas certain, tant il est évident que l’homme a de la peine à tirer des leçons de ses erreurs, comme le montrent les catastrophes nucléaires. À vrai dire, nous n’avons plus d’autre choix que d’écouter notre vulnérabilité.///////////// Patricia Briel


Ad Valorem


Rédigé par psa le 24/12/2011 à 00:55