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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le Togo, comme une Femme oiseau blessée par ses propres enfants
Le Togo, comme une Femme oiseau blessée par ses propres enfants
J’ai lu le texte de M. Ayayi Togoata Apedo-Amah. Ce document, d’une vingtaine de pages, intitulé Le Togo entre la révolte et la révolution contre le pacte de régression et les trahisons se lit bien.
C’est un texte sympathique fait de mots rageux qui trahissent une colère typique de jeune universitaire révolutionnaire, prêt à changer le monde, même si l’auteur n’en est plus un frais produit des facultés réactionnaires. Le texte ne fait peur à personne et ne fera trembler aucune officine de pouvoir ou de partis politiques ; cela ne lui enlève pas du tout son charme des adeptes de la théorie des Droits-de-l’hommerie, pour lesquels l’enfer c’est les autres.
Rendons justice à M. Apédo-Amah qui, dans sa rage, a pris soin d’énoncer certaines vérités souvent occultées par l’analyse politique sur le Togo : l’incompétence notoire de Gilchrist Olympio dans le domaine politique, la perversion analytique et l’autodestruction intellectuelle d’un si grand historien que demeure le doyen Godwin Tété-Adjalogo. Mais aussi, très rapidement, il tombera dans les mêmes travers de la togolaiserie démocratisante : d’abord l’émotivité, la subjectivité, le mythe et les attaques personnelles que l’on reproche aux autres, et aux autres seulement ; ensuite, le manque de perspectives novatrices dans l’action politique, à part de rendre gloire à la sainte Révolution qui guérit de toute dictature et rend Pouvoir au Peuple par enchantement, après avoir exclu les valets locaux de l’éternelle France coupable.

M. Ayayi Togoata Apedo-Amah est un déçu des tournures langoureuses des si longs sentiers de la démocratie togolaise. Il n’est pas un frustré ni un revanchard; juste un gros déçu qui reprendra bataille demain matin, si tant est que la révolution, la vraie, triomphera sur la Terre de Nos Aïeux. En attendant la Lutte finale, la dernière phrase de ce gai texte est symptomatique et révélatrice d'un plaisir solitaire : « Il fallait le dire ».
Effectivement, c’est dit, sans que ce dire ne soit ni réponse ni questionnement! Mais un dire sympathique, admirablement peu prétentieux; un dire de douleur longtemps retenue et aujourd’hui servie de façon thérapeutique, sans aucun dosage ni mode d’emploi, malheureusement. Le bon docteur est sympathique, il ne fera du mal à une mouche ni à personne (sauf à un chirachien lâché contre son Afrique innocente); c’est suffisant et c’est la marque des grands démocrates africains. Le Togo malade, comme tous les autres pays d’Afrique, doit savoir prendre ces genres de comprimés ou d’élixir, c’est selon : au réveil le matin s’en rincer la bouche, à midi au milieu d’un repas incertain l’avaler et le soir, le soir avant d’aller au lit languir sur son triste sort, prendre soin d’en inhaler mélangé au vinaigre de la journée. D’ailleurs, tous les autres pays malades ont su utiliser le même médicament révolutionnaire. Pourquoi pas le Togo?

Il fallait le dire, et ça fait du bien à M. Ayayi Togoata Apedo-Amah de l’avoir dit à tous ceux qu’il appelle des intellectuels quart-lettrés. Pour le Togo blessé qui n’a toujours pas de chance, on repassera pour l'envol de ce pays!



Mot à Maux


Rédigé par psa le 13/04/2007 à 14:15