Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Méfiez-vous du ventre. C’est connu depuis bien longtemps : « Tous ces gouvernements ne demandent à ceux qu’ils rendent heureux qu’une petite concession, la servitude. Vous serez logés, nourris, chauffés, lavés, abreuvés, etc. ; seulement, on verra la marque du collier ». C’est véritablement en laisse qu’une certaine élite politique et militaire est tenue au Togo, incapable de s’affranchir de l’inacceptable. Cette élite a préféré faire allégeance et sujétion à l’inacceptable. Jusqu’à nouvel ordre, il faut prendre parti pour le Togo. Prendre parti pour un autre Togo, un Togo démocratique, un Togo réconcilié que Faure Gnassingbé a été incapable de faire naître à la suite de son père au palmarès lourd.


Contre la violence de tout genre... Partout
Contre la violence de tout genre... Partout



Comme dans un conte d’Andersen, les deux personnages –pareillement comme dans le mélodrame togolais avec ses ministres de la Sécurité et de l’Environnement-, ces personnages tenaient à faire croire aux Togolaises et aux Togolais que leur roi qui aimait tout, la belle vie, les beaux habits, tout et toute, sauf la gestion compétente des affaires de l’État, ce roi est revêtu cette fois-ci d’un costume bon chic bon genre (BCBG) taillé dans un tissu dernier cri qui reste invisible seulement aux incompétents et aux sots d’un #EtatPatapa.

La supercherie entretenue par tous ces affidés de la nomenklatura ainsi que par des citoyens peureux dura le temps que cela devrait durer. Les gens félicitent même le roi pour son nouveau costume BCBG cousu dans ce tissu extraordinaire qui reste invisible aux sots et aux incompétents seulement. C’est l’habitude de la maison : pourquoi dire la vérité et mourir si l’on peut mentir, profiter et vivre tranquille même en rampant? Face aux besoins de la vie, ils sont fous, tous ces gens qui continuent à penser comme cet empêcheur de manger tranquille, Victor Hugo, et qui toujours dérange toutes les consciences en ayant soutenu que « La principale fonction de l’homme n’est pas de manger, mais de penser. Sans doute qui ne mange pas meurt, mais qui ne pense pas rampe; et c’est pire! ». Il ne faut pas prendre ces Togolais pour plus intelligents qu’ils ne le sont, « n’est-ce pas? » pensait même déjà l’ancien roi dont celui-ci est le prolongement; « Nous, on va faire comment? Rignin! », ajoutent-ils.

D’ailleurs, personne ne veut paraître incompétent ou sot, tout le monde prétend voir et admirer le tissu nouveau dont le roi s’est revêtu comme « sur instruction du chef de l’État » qu’il est lui-même, et avec l’aide des deux personnages de haute couture mensongère. Le tout dura jusqu’à ce qu’une voix innocente, jeune, candide, inattendue, dise clairement et publiquement: « Mais… Papa, Maman… Mango, Dapaong… Kara, Blitta, Lomé, Atakpamé, Kpalimé, Kandé, Amlamé, Tchaoudjo, Bafilo, Yoto, Vo, Aného, Tsévié, Bassar, Niamtougou, Pagouda... Mais… le roi est nu ». Oui, le roi est nu, aucun tissu ne le couvre. Faure Gnassingbé est nu depuis longtemps, personne autour de lui n’ose le lui dire.

D’ailleurs, lui-même se sait nu, mais il croit être habillé d’un tissu invisible aux Togolais qui ne seraient que des sots et des incompétents. Il parcourt le monde nu, le Faure Gnassingbé. Avec le #MangoGate, toutes ces répressions sanglantes depuis le jour 1 jusqu’à aujourd’hui, Faure est définitivement nu. Sans aucun doute « sur instruction du Chef d’État » qui se sait habiller d’un tissu de démocratie nouvelle invisible aux sots togolais que nous serions? Vos blindés sont sans freins, vos tirs de sommation sont tirés à l’horizontale et à balles tueuses. Il est impossible que toutes ces personnes continuent à porter derrière vous une traîne de votre habit BCBG qui n’existe pas. Nous sommes indignés. Réveillez-vous!


Le manque d’audace de réconciliation est de fossiliser le Togo dans la manipulation du régionalisme

Il ne faut pas oublier que le despotisme a toujours la prétention d’être bâtisseur et porteur de grands projets. On n’est donc pas surpris des entailles nouvelles postélectorales au Togo. C’est la ruée vers l’or impur : matériels déplacés, rues percées, bâtir, débâtir, rebâtir, enfumer, les projets trop longtemps retenus doivent sortir et se déployer envers et contre tout. Les populations doivent rester dociles à leurs dirigeants de fortune. Quand les projets vont, tout va, au pas et au rythme voulu. Les populations n’ont qu’à bien se tenir, surtout se tenir éloignées des projets… sur instruction du chef de l’État.

Si la question togolaise était une affaire de projets de réserve animalière à régénérer, de lois répressives à voter, de traditions culturelles à politiser, de journalistes à emprisonner ou de diaspora à leurrer, il n’y aurait pas tant de heurts, tant de chocs, tant d’arrestations, tant d’ambiguïtés dans les explications officielles, tant de renoncements à la dignité. Au Togo et dans sa diaspora, l’adhésion doit toujours s’acheter; la non-adhésion réprimée. À Mango au Togo, c’était frappant et tuant : c’est le #MangoGate commencé le vendredi 6 novembre 2015 comme symbole de cette goutte d’eau de trop dans une répression devenue habituelle, récurrente, systématique. Au Togo, de Dapaong à Lomé, c’est toujours le « Tout répressif » d’un système de barbarie d’État, un État Patapa, un État meurtrier et incorrigible, identique à cet autre prétendu État terreur capable des tueries de masse comme à Paris ce vendredi 13 novembre 2015, et à l’encontre de toutes les valeurs universelles.

Clairement, de cet État barbare, de cet État Patapa, de cet État insolent et pirate, nous n’en voulons pas et n’en voulons plus au Togo! Quoi qu’on dise ou quoi qu’on taise, le Togo actuel reste un État de terreur bien établi, un pays dont le passé demeure une lourde référence. Il faut donc accentuer la dénonciation de cette maladie répressive et de la dérive liberticide au Togo : les autorités publiques et l’ordre public ne font que codifier et appliquer un rapport de force inégal et violent depuis le 13 janvier 1963, renouvelé le 5 février 2005. Le vibrant exemple que constituent les massacres et les répressions des derniers jours à Mango, le novembre noir du #MangoGate, constituent plus qu’une simple allégorie politique passagère. C’est une démonstration, un bouleversement dont le sublime se fige en chaque citoyen, togolaises et togolais, où qu’ils se trouvent… sur instruction du chef de l’État.

Vingt-cinq ans après le mouvement du 5 octobre 1990, vingt-cinq ans après le Grand Pardon de novembre 1990, une dizaine d’années après l’Accord politique global, le Togo reste une construction manquée : un groupe d’individus accable toujours le Peuple et confisque le destin de toute une Nation. Le propre de ce manque d’audace de réconciliation est de fossiliser le Togo dans la division pour y régner indéfiniment, et préserver les avantages indus liés à une situation intenable et injustifiable. Mais les citoyens du Togo, du Nord au Sud, ont bien dépassé cette manipulation qui n’épargne plus personne à travers des raids meurtriers sur des populations aux mains nues; une damnation d’un État togolais voyou qui plus est frauduleux, mafieux, menteur, trompeur, illégitime et illégal. Le roi est nu. Vivement, la fin de ce régime ancien au Togo!

togo_Etat_patapa.pdf Togo État Patapa.pdf  (444.85 Ko)
togo_Etat_patapa_vf.pdf Togo État Patapa vf.pdf  (451.61 Ko)

Mot à Maux


Rédigé par psa le 15/11/2015 à 22:25



S’il en existe encore qui doute de l’irrégularité des dernières élections présidentielles ainsi que de l’usurpation habituelle du pouvoir qui s’en était suivie au Togo, voici quelques morceaux choisis, des pièces maîtresses, mots pour maux, mot à mot, du Rapport de la Mission d’Expertise Électorale de l’Union Européenne (MEE-UE), produit sur les Élections présidentielles togolaises du 25 avril 2015.


Le chemin de croix (Via Crucis) libératoire
Le chemin de croix (Via Crucis) libératoire
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De ce Rapport, sont extraites cinq Observations primordiales du Résumé ainsi que cinq Recommandations prioritaires –ici introduites par des verbes d’action mis en évidence. Un tel regard externe porté sans complaisance ni parti-pris sur les présidentielles togolaises offre, de nouveau, l’occasion d’un clair constat à notre niveau, Togolaises et Togolais férus de la réconciliation de toutes les solitudes nationales : il est véritablement temps de passer le Togo à la démocratie avec courage; et tout le Togo est en attente de cette prise de conscience républicaine des tenants du pouvoir.

Plusieurs élections fraudées ainsi que des résultats imposés dans le choix du président de la République alourdissent le Togo. Malgré tous les toilettages sublimes et les habillages sonores du régime ancien, ainsi qu’il persiste sur la Terre de nos aïeux, tout, absolument tout, sonne constamment et systématiquement faux; aussi bien pour les citoyennes et les citoyens que pour les amis du Togo. Il est donc temps d’arriver à cette évidence qu’un tel type de régime ne peut plus prospérer au Togo, quitte à ce qu’il fasse appel à l'humilité du Grand Pardon, au lieu de chercher refuge partout, par contorsions et déguisements, jusque dans le nouveau Code Pénal archi répressif.

Actualité oblige donc, comment ne pas s’alarmer que ce fameux nouveau Code Pénal togolais qui expose si fortement les rides d’un système en désespérance n’ait trouvé rien de mieux qu’à mettre tous les citoyens justiciables dans le même panier totalitaire et quasi jupitérien, au lieu de rebrousser chemin? Dans ce Code Pénal, tout y est peine et peine lourde, tout y est sanction et répression systématique : l’arme obsolète bien connue des faibles et des autocrates.

Ainsi, par un amalgame délinquant, toutes les différences sont gommées. Les particularités dérangeantes trop souvent concentrées chez les citoyens ordinaires –genre opposition tendance manifestation, ces spécificités aguichantes au régime ancien sont rayées et méthodiquement sanctionnées, surtout dans les 265 articles taillés sur mesures sous le double parasol « Des infractions relatives au terrorisme » et « Des infractions contre l’État ». Quel État ? Sans doute l’État patapa actuel et tous ceux qui s’y confondent, subrepticement protégés comme « les personnes dépositaires d'informations à caractère secret, soit par état ou par profession, soit en raison d'une mission ou d'une fonction temporaire ». Du n’importe quoi, puisque ce charabia oublie les principes de « complémentarité » et « d’obligation de coopération » envers la justice internationale. C’est bien là où conduit le récurrent mal des fraudes électorales au Togo.

Tout cela ne peut qu’engendrer des lendemains incertains que les présidentielles d’avril 2015 avaient déjà ensemencées, au grand désespoir des populations en attente d’un modèle évolué de gestion publique privilégiant le dialogue social et le respect des volontés populaires. Véritablement, il faut assumer le Togo autrement. Les sociétés les plus fécondes sont encore celles des libertés, et surtout celles qui érigent le respect des volontés citoyennes en valeurs cardinales. C’est loin d’être le cas au Togo, et les massacres de Mango nous donnent l’exemple d’un régime illégitime.

Comme une Feuille de route, voici donc le relevé topographique des élections présidentielles d’avril 2015 au Togo. Une autre « Aventure ambiguë » togolaise, un « Via crucis » électoral où l’avarice démocratique imposée aux Togolaises et aux Togolais n’auront pas échappé aux regards chevronnés des observateurs externes de la Mission d’Expertise Électorale de l’Union Européenne. Par ces fidèles dix points, nous résumons les dizaines de pages du Rapport, dans le but ultime de convaincre les récalcitrants de l’urgence salutaire d’aller vers un autre Togo. Les prouesses électorales au Togo ne pourront rester indéfiniment des mascarades imposées aux populations. La liberté ne fatigue pas les Peuples; il ne peut en être autrement au Togo. Le Togo doit changer et la volonté du Peuple doit y prévaloir. 

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Observations primordiales

1. Selon les experts de l’OIF, 75% des inscrits l’ont été sur la base des seuls témoignages, rendant impossible la vérification formelle de leur éligibilité, et près de 300 000 personnes étaient en possession d’une carte d’électeur dont le numéro ne correspondait pas au centre de vote dans lequel ils étaient affectés pour le scrutin présidentiel, induisant un risque de désorientation. Enfin, l’analyse des chiffres a révélé un taux d’inscription anormalement élevé (99,9%), marqué par de fortes disparités géographiques, dont une surinscription saisissante dans certaines régions septentrionales, favorables au pouvoir.

2. Très prescriptif sur certains aspects techniques du scrutin, le Code électoral reste en revanche imprécis sur certaines questions essentielles à l’intégrité du scrutin et à la traçabilité des résultats, ou celles régissant l’égalité de traitement des candidats dans les médias. Le manque d’accès et l’absence de publication des actes réglementaires nuisent à la transparence du processus.

3. En dépit de l’avancée louable que constitue l’aide publique au financement des activités de campagne, force est de constater que celle-ci ne pouvait compenser l’inégalité flagrante des moyens à disposition des candidats, la campagne du président sortant ayant bénéficié de la mobilisation de l’ensemble de l’appareil d’État. La CENI est généralement apparue permissive face aux nombreux dépassements.

4. La lecture des résultats provisoires a été donnée alors que les procès‐verbaux de 28 des 42 CELI n’avaient pas encore été examinés en plénière.

5. Au-delà d’un strict mandat d’observation, les principales missions internationales d’observation ont rapidement été impliquées dans un effort de médiation entre les parties prenantes. Le satisfecit rapide que ces dernières ont accordé au processus électoral dès les 26 et 27 avril n’a pas manqué de surprendre certains candidats de l’opposition.


Recommandations prioritaires

6. Donner rapidement les gages d’une reprise effective d’un dialogue politique inclusif sur la mise en œuvre des réformes institutionnelles et politiques prévues par l’Accord politique global de 2006.

7. Engager une réflexion inclusive sur la recomposition de l’administration électorale à la lumière des nouveaux équilibres politiques comme de la nécessité de renforcer son fonctionnement. La méfiance entre les parties prenantes rendant illusoire, à court et moyen terme, le passage à une CENI purement technique, il convient d’élargir la réflexion aux mécanismes permettant une plus grande stabilité.

8. Conduire un audit du fichier électoral existant, et engager une refonte du système d’inscription sur les listes électorales permettant son actualisation et une consolidation plus efficace par l’introduction d’un identifiant unique à chaque citoyen, une meilleure utilisation des données biométriques et le transfert de la technologie à l’administration électorale.

9. Renforcer la transparence du processus électoral en rendant accessible l’ensemble des normes et en procédant à la publication des résultats du scrutin, détaillés par bureau de vote – seule à même d’en assurer la traçabilité et permettre aux candidats l’exercice effectif de leur droit de recours.

10. Garantir les conditions d’une compétition pluraliste et équitable par la suppression des dispositions légales restreignant l’exercice de la liberté d’expression en période de campagne, le renforcement des pouvoirs de sanction contre les dépassements des règles de son financement.

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Silence


Rédigé par psa le 08/11/2015 à 16:43



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