Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Que philosopher, c’est apprendre à vivre
Que philosopher, c’est apprendre à vivre
« Et si ce pape philosophe était aussi un fin politique? C'est la question qu'on est en droit de se poser alors que Benoît XVI mettra un terme aujourd'hui à sa première visite en terre musulmane. Le pape vient de passer le premier véritable test de son pontificat. Arrivé en Turquie dans un climat de tension extrême, il en repart dans une atmosphère radicalement apaisée. Malgré les protestations de quelques partis minoritaires, à Istanbul, la plupart des grands médias se sont réjouis d'une visite qu'ils voyaient pourtant venir avec appréhension. «La visite papale avait été programmée pour consacrer le dialogue entre chrétiens [catholiques et orthodoxes] [...] mais, d'une manière tout à fait inattendue, elle s'est transformée en effort de conciliation islamo-chrétienne», écrivait l'éditorialiste du quotidien libéral Radikal.

Et voilà que l'image d'un pape se recueillant à la Mosquée bleue avec le grand mufti d'Istanbul succède comme par magie à l'hystérie qu'avait créée une simple citation sortie de son contexte dans le discours de Ratisbonne. »

Christian Rioux, Le Devoir



L'ombre de l'incertitude: plus grande que nature
L'ombre de l'incertitude: plus grande que nature
Quels sont les ressorts de ce processus ? Le fait qu'elle soit une femme ? Sa capacité à ne pas parler comme les autres dirigeants socialistes ?

« L'effet femme est indiscutable. Il a un côté expérimental : on a tout essayé, sauf une femme. Essayons ! Mais il va bien plus loin. Il relève d'un phénomène culturel et même anthropologique. Lors des débats, Ségolène Royal a littéralement ringardisé ses compétiteurs. Quelque chose du vieux style masculin d'autorité ne passe plus. Sarkozy a du souci à se faire, de ce point de vue. Ses postures de matamore sont à revoir. Mais la véritable force politique de Ségolène Royal réside dans le fait qu'elle est la seule à avoir saisi la profonde crise d'autorité qui travaille la société française. Elle a pris la juste mesure du scepticisme qui règne dans le pays à l'égard de la prétendue compétence de la classe dirigeante. L'arrogance du discours technocratique dissimule de plus en plus mal l'incertitude des résultats et la faiblesse du pouvoir. Qui ne voit que nous sommes gouvernés par des gens qui, derrière leurs grands airs, ont le trouillomètre à zéro à l'image de Jacques Chirac, ce radical-socialiste qui a peur de son ombre ? Quand Ségolène Royal dit qu'elle n'a pas de certitudes, elle échappe à la malédiction du rôle de «monsieur Je-sais-tout» dans lequel les hommes politiques se sont laissés enfermer et qui n'est plus crédible. En admettant sans rechigner qu'elle n'a pas toujours la solution, elle manifeste un rapport plus sain à la réalité. Et comme en même temps elle apparaît très capable de fermeté, elle dessine une autre image du pouvoir, probablement beaucoup plus en phase avec les aspirations populaires. On discute d'abord, mais quand on a décidé, on s'y tient. »

Marcel Gauchet dans Libération




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