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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La Diaspora togolaise est une conscience. Une conscience vive et ardente d’un Togo en plein combat politique pour la dignité de ses populations, du nord au sud. C’est en assumant ce combat pour le renouveau du Togo, pleinement et grandement, que la Diaspora considère qu’elle n’a rien de grandiloquent à fêter le 27 avril 2017. Danser autour du drame togolais? Non, merci! Un autre temps viendra, et ce temps doit être préparé, réfléchi, annoncé et judicieusement lancé.


Togolais viens, bâtissons la cité
Togolais viens, bâtissons la cité


Il est des moments où l’histoire accélère les pas, pour ne s’arrêter qu’en cas d’extrême nécessité. Voilà qu’après avoir opéré le changement en Gambie, l’histoire pointe vers le Togo, le plus vieux et le plus vicieux potentat en Afrique de l’Ouest.

De père en fils, le Togo subit une des pires autocraties contemporaines identifiables dans le palmarès mondial. Depuis plus de cinquante ans, de père en fils, un État de non-droit seulement répressif à volonté, particulièrement insatiable à outrance, s’est installé au Togo, avec un clientélisme de mauvaise infusion, composée des Adowuinon locaux, bordés, coulissés, épicés, huilés et assistés par des aventuriers rapaces diversement introduits dans la nomenklatura. La Constitution légitime du Togo a vite été toilettée pour satisfaire cette rustique boulimie du pouvoir, sans jamais être apte à élever la politique au niveau des principes et de la parole donnée.

Au Togo sévit un État Patapa réduisant des hommes et des femmes à néant et dans leur plus triste précarité, par la faim, par la privation, par l’humiliation et par la sujétion. À ciel ouvert déambule dans ce rectangulaire Togo, du nord au sud, une population en manque d’espoir et de dignité à faire frémir même les cœurs de pirate les plus endurcis. Et pourtant, certains sont heureux de régner, de s’entretenir et de voyager au nom du royaume des morts-vivants-sous-mandat-social. Voter un budget faramineux est la dernière des iniques trouvailles, démoniaques et surannées, cyniquement annonciatrice du butin à partage programmé de la nomenklatura.

Rappels inutiles et presque indécents d’une catastrophe dégradante frôlant les plus misérables des résultats, puisque les derniers témoignages des Togolaises et des Togolais, eux-mêmes en provenance du Togo, avouent ne pas savoir par où commencer pour décrire la profonde indigence ambiante. C’est le parfait manifeste d’une désolation aussi honteuse qu’elle dénie toute citoyenneté aux hommes et aux femmes d’une prétendue nation, en ne leur laissant que le droit à la prière, le culte de l’inaction et la préoccupation du quotidien seul. Triste!

Difficile de célébrer autant de misère, arroser tant d’inaptocratie et d’invouloir dans un potentat désormais unique en Afrique de l’Ouest, depuis l’affranchissement des citoyens de la Gambie de leur rigolo et coûteux prébendier Yahya Jammeh à luxure immodérée et qui, malheureusement possède son équivalent au Togo.

Très difficile de commémorer l’indépendance du Togo dans un tel climat d’obsession à la fabulation de la République, installé et entretenu depuis plus de cinquante ans, du père Gnassingbé Eyadema à Faure Gnassingbé fils. Rien à fêter autour de ce Togo-là, par les temps qui courent et particulièrement par la Diaspora consciente et engagée.


Vision et Consensus en Marche dans la Diaspora

27 avril 2017… Rien à fêter au Togo!
La Diaspora togolaise est une conscience. Une conscience révélatrice du tourment que vit le Togo, et de la nécessité d’un leadership collectif, davantage assumé et encore plus engagé; une diaspora politique tout aussi affirmative comme elle l’est en étant le porteur véritable de l’essentiel du poids social du Togo. La Diaspora togolaise parle assez, déjà, à travers ses énormes transferts de fonds qui surpassent en proportion de la Production intérieure brute du Togo, les ratios équivalents des ressortissants des pays voisins que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Niger et le Ghana pris individuellement.

Avec une telle capacité de présence et de résonnance, la Diaspora qui porte à bout le bras la charge sociale des exclus de la gouvernance déficiente du Togo, cette Diaspora doit faire mieux que de danser autour de son propre drame et celui de la déshumanisation de ses compatriotes, lorsqu’arrive le temps de commémorer les luttes héroïques qui avaient abouti à l’indépendance du Togo. D’ailleurs, « Sommes-nous réellement indépendants? », « Qu’avons-nous fait de notre indépendance? » et « Comment et par quoi, mieux assumer le Togo? » se demandent toujours de nombreux citoyens togolais. Nous avons le droit de répondre à chacune de nos interrogations les plus pertinentes et les plus légitimes.

Collectivement, nous avons rendez-vous avec l’histoire. Collectivement, les Togolaises et les Togolais de la Diaspora ont rendez-vous avec eux-mêmes pour bâtir une vision commune, fixer des objectifs, agir clairement au plan politique et davantage pour participer à élucider l’avenir de la « Terre de nos Aïeux ». Que chaque membre de la communauté togolaise de l’extérieur prenne toute la problématique togolaise comme une interpellation à sa conscience, et surtout pour une invitation à l’action renouvelée.

Très clairement, le Togo appelle sa Diaspora à davantage encore. Très ouvertement et sans tergiverser, comme ce fut le cas à Montréal lors des « États généraux de la communauté togolaise de l’extérieur », la Diaspora togolaise doit se retrouver de nouveau pour assumer une meilleure présence en vue d’agir, courageusement et efficacement, à précipiter un Togo démocratique avec les forces républicaines du terrain et de l’extérieur.

La Diaspora togolaise ne dansera donc pas le 27 avril 2017. La Diaspora togolaise n’entend plus danser au rythme funeste imposé par un régime aussi illégitime. Mieux encore, la Diaspora togolaise fera son devoir inaliénable du « Togolais viens, bâtissons la cité ». En somme, l’art politique du souverain Togo, la sagesse de la Nation, l’éthique du Pays, les mânes des Ancêtres, les fondements de la République, la dignité des Citoyens et la vaillance du Peuple sont tous en danger… « Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la Liberté »!

De sa position privilégiée et en toute responsabilité, la Diaspora togolaise n’a de devoir que de se lever et de bâtir, de nouveau, un consensus salutaire de rupture en son sein; les éternels fauteurs de troubles aux masques descendants en moins. Toutes et tous à Chicago, le 27 avril 2017; un puissant consensus nous y appelle. Nos nombreuses capacités de danseuses et de danseurs sauront attendre; et elles ne périront guère, autant que périssent sous nos yeux les filles et les fils du Togo.

Nous, Diaspora togolaise consciente de son devoir, adhérons ainsi à cette lignée qui toujours a su prendre ses responsabilités face à toutes les gammes de régimes politiques qui ne méritent rien d’autre que le rejet : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front, ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime, ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime. »



Mot à Maux


Rédigé par psa le 27/01/2017 à 01:00