Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Ces genres de questions sont au cœur des démocraties : le parlement, le lieu du législatif est-il indépendant du pouvoir exécutif? Le parlement a-t-il les moyens de son indépendance au moment ou d’autres forces démocratiques émergent dans l’espace public de ces démocraties? Un constitutionaliste français, Dominique Rousseau, tente d’apporter quelques pistes de solutions en analysant le cas français, très symptomatique. La gauche qui avait toujours critiqué la monarchie présidentielle gaullienne, à son tour sous Mitterrand, n’avait rien fait d’autre que de consacrer cet état de fait dont elle accusait la droite : institutionnaliser 'Le coup d’état permanent' de tout monarque élyséen. Effectivement, il faut penser sérieusement à rééquilibrer les pôles de pouvoir et surtout intégrer les nouvelles avenues. Au Canada, le débat est également ouvert, discrètement, à la faveur de la nouvelle politique de déréglementation mise en œuvre par le CRTC, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada. Sans contenu canadien que serait devenue la télévision canadienne par exemple? Combien d’années faudra-t-il aux organes de communications du Canada pour se confondre avec ceux des géants américains et perdre leur spécificité? L’idée n’est pas d’ériger un mur autour des moyens de communication dans des sociétés ouvertes. L’idée à considérer fortement est de reconnaître le rôle d’agent de démocratie que ces moyens de communication jouent dans l’espace public et la nouvelle configuration de la démocratie, pour ne pas les laisser se concentrer dans des mains uniques et manipulatrices. En Afrique francophone, n'en parlons pas: puisque c'est d'usage en France, les pouvoirs, législatif et surtout l'exécutif, n'ont aucun espace à partager pour faire naître et consolider la démocratie à travers des acteurs nouveaux. Rien ne peut arrêter le débat toutefois, en occident comme dans les démocraties émergentes de ce grand village global.


La bonne vieille démocratie à la J-F Ruwet
La bonne vieille démocratie à la J-F Ruwet
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Revenons au Parlement, l’alpha et l’oméga de la démocratie pour la gauche…Arrêtons de considérer que le Parlement est toujours l’institution qui peut rééquilibrer le pouvoir exécutif. Reprenons le questionnement de Montesquieu : que mettre face à un monarque absolu ? Quels sont les pouvoirs qui peuvent équilibrer les siens ? A son époque la réponse était une assemblée élue. Posons-nous la question aujourd’hui, cherchons les pouvoirs qui peuvent contrecarrer celui de l’exécutif. Car vouloir détacher les pouvoirs exécutif et législatif est une illusion : ils sont liés. Cela vaut pour la France mais aussi pour les grandes démocraties comme l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Allemagne où il y a unité du pouvoir, réuni dans les mains du vainqueur de l’élection.

Quelles autres pistes défendez-vous ? Il faut s’appuyer sur l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme, qui stipule que «toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution». Aujourd’hui, il existe les trois pouvoirs d’Etat (exécutif, législatif et judiciaire), théoriquement séparés, et les pouvoirs économique, médiatique, syndical, religieux, etc. Une réflexion de gauche devrait prendre en charge ces différents systèmes de pouvoirs pour penser comment les séparer pour parvenir à une société équilibrée et démocratique. Concrètement, il faut réfléchir à séparer le pouvoir médiatique du pouvoir économique, le pouvoir économique du pouvoir politique… Chacun de ces mondes repose sur un principe qui lui est propre, qui doit être protégé de l’influence des autres pouvoirs. Le principe de la sphère économique, c’est le profit. Nul ne peut le lui reprocher. Mais ce principe ne peut influer sur les sphères médiatique, politique ou syndicale. Sinon, il n’y a pas de démocratie, nous serions dans la confusion des principes. Et il y a urgence à agir car les pouvoirs d’Etat sont dans les mêmes mains et les pouvoirs de la société se confondent de plus en plus, notamment en matière économique et médiatique.

Pascal Virot, Libération


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 03/11/2007 à 19:50
Tags : démocratie Notez