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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Pour emprunter les mots de l’auteur du texte suivant, « C'est un président américain aux idées claires en matière de politique étrangère qui se présentera à Ottawa demain (ce jeudi 19 février 2009) pour une courte visite de travail de quelques heures. Un président qui a démontré qu'il s'agissait pour lui d'une véritable priorité.» Au canada, il semble bien que ce soit toujours le vide, le suspens et l’imprécision dans la politique internationnale et dans l’articulation d’une perspective diplomatique aussi distincte que possible aux yeux du monde... Laissons la journaliste Manon Cornellier le dire d’une si directe manière, alors que le Cnada accueille la première sortie officielle de notre ami Barack Obama. En vérité, une petite leçon sur l’état anonyme de la diplomatie canadienne...


Nobuyoshi Araki, Harakiri diplomatique ou la suspendue à nulle part
Nobuyoshi Araki, Harakiri diplomatique ou la suspendue à nulle part
À preuve, Barack Obama n'hésite pas à confier ce dossier à de gros canons. Il a choisi Hillary Clinton comme secrétaire d'État, une femme qu'un grand nombre d'Américains auraient choisie comme présidente. À la conférence sur la sécurité à Munich (où les conservateurs étaient représentés pour la première fois en la personne du ministre de la Défense, Peter MacKay, plutôt qu'en celle du ministre des Affaires étrangères), il a dépêché le vice-président Joe Biden pour transmettre son message de coopération aux pays présents. L'administration Obama a fait savoir à maintes reprises qu'elle ne s'en remettrait pas qu'à la force militaire. La diplomatie va reprendre ses droits, aux côtés des outils économiques, politiques, juridiques et culturels, de dire Hillary Clinton. La «puissance intelligente» (smart power) est le nouveau mot d'ordre. Mais la promesse d'une présence américaine plus dynamique dans les institutions multilatérales s'accompagne d'une condition. «L'Amérique en fera plus. Voilà la bonne nouvelle, a dit Joe Biden la semaine dernière. La mauvaise nouvelle, cependant, est que l'Amérique demandera à ses partenaires d'en faire davantage.» Que répondra le Canada? Impossible de le dire. Stephen Harper doit faire face au nouveau président sans bénéficier d'une politique étrangère clairement articulée. Il était d'ailleurs frappant, la semaine dernière, d'entendre à Ottawa les anciens premiers ministres Paul Martin et Joe Clark parler de politique étrangère avec profondeur et cohérence alors qu'on attend toujours l'équivalent de la part du gouvernement actuel. Au cours des trois dernières années, Stephen Harper a donné la priorité aux forces armées, qui avaient besoin d'être remises sur pied, mais il a tout misé sur elles. L'aide au développement a à peine augmenté et la diplomatie a été émasculée. Joe Clark l'a relevé. Selon ses calculs basés sur les budgets des dépenses du gouvernement fédéral, les Affaires étrangères ont vu leur budget baisser de près de 18 % entre 2007-08 et 2008-09. La Défense a eu droit à une hausse de 8,4 %. «Cela est simplement pervers au moment où la diplomatie devient plus importante que jamais», et la négliger aura un prix, a prédit l'ancien premier ministre. Selon lui, l'influence du Canada sur la scène internationale a toujours découlé avant tout de la qualité de son activité diplomatique et non pas de son poids militaire ou économique. L'absence de politique étrangère claire et la méfiance du gouvernement envers la diplomatie ont effectivement un prix: celui de ne pas être prêt à répondre aux questions et aux attentes américaines. Cela est particulièrement évident dans le dossier afghan. Dans une entrevue accordée à la CBC, Obama a dit qu'il était «absolument convaincu qu'on ne peut résoudre le problème de l'Afghanistan [...] avec seulement des moyens militaires». La diplomatie et l'aide au développement devront faire partie d'une stratégie d'ensemble dont, espère-t-il, M. Harper et lui conviendront de l'importance. (…) La meilleure façon pour le Canada d'éviter des pressions pour une nouvelle contribution militaire est de prendre les devants avec une proposition de son cru. Il doit démontrer qu'il peut aider l'Afghanistan autrement. Diplomatie et reconstruction (ce qui englobe la formation de la police, la justice, l'éducation, la santé) sont deux avenues, mais encore faut-il y avoir réfléchi et avoir un plan cohérent à suggérer. Et encore faut-il croire à la diplomatie. Stephen Harper a voulu garder le contrôle de la politique étrangère en nommant toujours des néophytes à la tête du ministère des Affaires étrangères. Des Peter MacKay, Maxime Bernier et Lawrence Cannon pour faire face aux Condoleezza Rice et Hillary Clinton... Seul David Emerson s'est un peu démarqué, mais pour si peu de temps. Le Canada a désarmé sa diplomatie et se retrouve aujourd'hui mal équipé pour offrir des solutions qui lui sont propres. Son image a pâli dans les cercles diplomatiques. L'ancien ministre Emerson avouait, dans une entrevue à la chaîne CanWest, s'être d'ailleurs fait demander où était passé le Canada. Un Canada effacé a moins d'influence quand il est question de changements climatiques, de réforme des institutions internationales, de relations avec les puissances émergentes, de crise au Moyen-Orient et ainsi de suite. Et par sa propre faute il risque maintenant d'être totalement éclipsé devant un gouvernement américain qui se veut activiste. ////// Manon Cornellier, Le Devoir

Ad Valorem


Rédigé par psa le 18/02/2009 à 18:18
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