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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Que c’est dur la politique. J’aurais tant aimé ne pas donner écho à cet article. Le dernier jour de l’année, chacun mérite mieux, même le politicien le plus affreux. Seulement, c’est le dernier jour de l’année et pas le premier de l’an nouveau... Parlant du politicien le plus affreux, ce n’est pas le cas pour le chef du Parti libéral du Québec. Mais lorsque l’on avait trouvé de mieux que de nommer un « ami inconditionnel » crosseur à la tête du méga projet d’hôpital universitaire dit le CUSM, à Montréal, et que soi-même, ministre de la santé adepte de la privatisation de ce service éminemment public, l’on a trouvé mieux à faire que de quitter le gouvernement pour regagner ce secteur de privatisation de la santé, il y a bel et bien problème...


« Phil-Flop » Couillard

Le problème ce n’est pas Phil Couillard. Le problème, c’est que l’éthique est un devoir qui s’impose dans l’espace public, un devoir au-dessus de tout : déficit budgétaire, chartes des valeurs, langues, indépendance, etc. Et il appartient à chacun d’être en devoir citoyen d’éthique devant la complaisance institutionnelle qui parfois transparait vis-à-vis de certains de nos politiques susceptibles de gérer la chose commune ou en posture favorable pour servir d’exemple public. Et l’éthique ne veut pas dire nul erreur dans son parcours politique. Mais l’éthique est une dimension pratique, très pratique et à soi donnée, de s’éloigner de l’erreur volontaire; ce que notre ami Phil n’a jamais démontré, au point de capter l’attention récapitulative annuelle de l’auteur de l’article. C’est ce manque d’exigence propre ou de sa démonstration suffisante infalsifiable ou encore l’absence avérée de personnalités politiques charismatiques –leur sommation probablement, qui a favorisé le retour assez facile en politique de M. Couillard. Ce dernier doit désormais vivre avec ce lourd biais originel, une insuffisance politique de nos jours qui remonterait à la surface dans un manque de rigueur prévisible dans certaines de ses décisions publiques. Et c’est dommage! J’arrête au profit de l’article qui ne fait que mettre le doigt sur une des faiblesses de notre ère politique –les analyses reliées à François Legault ayant moins retenu mon attention. J’arrête vraiment… Bonne année 2014!



QUÉBEC - Le chef libéral Philippe Couillard a montré des signes de vulnérabilité dans des dossiers délicats en 2013, et il devra se ressaisir vite en 2014 s'il veut se débarrasser de l'étiquette «Philippe-flop».

Quant au chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, il vit d'espoir, en souhaitant que les astres s'alignent enfin pour lui.

«Le PLQ est de retour!», avait lancé le nouveau chef libéral dans un élan d'enthousiasme, au mois de mars, après son élection à la tête du parti avec près de 59 pour cent du vote des délégués. L'élection du docteur Couillard a redonné du tonus aux militants de la formation chassée du pouvoir six mois plus tôt, par une marge plutôt mince, après neuf ans au gouvernement sous la férule de Jean Charest.

Après une longue tournée des régions au cours de laquelle il a disparu des écrans radar — la tragédie de Lac-Mégantic a occulté tout le reste pendant des semaines —, M. Couillard a été rattrapé à la rentrée de septembre par un incident survenu en plein cœur de l'été.

Celui qui avait annoncé vouloir former «le gouvernement le plus ouvert et le plus transparent de notre histoire» a mis deux mois avant de révéler au public et à ses députés que l'Unité permanente anticorruption (UPAC) avait mené une perquisition — dans la plus grande discrétion — au siège social du parti, en juillet à Montréal. Il avait justifié son silence en disant ne pas souhaiter «nuire aux enquêtes policières». L'affaire a créé du mécontentement au sein du caucus libéral, laissé dans l'ignorance. Des opposants politiques ont aussi reproché au nouveau chef d'avoir tenté d'étouffer l'incident.

M. Couillard a retenu la leçon de transparence. Il s'est empressé de convoquer les médias, le 18 septembre, au lendemain des révélations sur la perquisition de juillet, pour annoncer qu'il avait à son tour été visité quelques heures plus tôt par les enquêteurs de l'UPAC au sujet des pratiques de financement politique.

Confiné à l'extérieur de l'Assemblée nationale, M. Couillard a éprouvé des difficultés à maintenir la cohésion au sein de ses troupes en Chambre. La charte des valeurs, qui a accaparé l'essentiel des débats à l'automne, a fait déraper le discours libéral, au plus grand plaisir du Parti québécois au pouvoir. Tenant de la liberté en matière de port de signes religieux — en autant que le visage soit découvert —, le chef libéral avait prévenu qu'il faudrait lui «passer sur le corps» avant d'adopter une charte qui permettrait la «discrimination à l'emploi» pour celles qui portent le voile. Il n'avait peut-être pas imaginé que ce serait l'une de ses députées, musulmane de surcroît, qui lui passerait sur le corps.

Fatima Houda-Pepin a plongé tout le caucus libéral en crise après s'être élevée contre les propos de l'un de ses collègues, qui avait indiqué que le PLQ serait heureux d'accueillir en son sein une députée portant le tchador, ce long vêtement ne laissant à découvert que le visage. Dans l'espoir d'éviter un psychodrame et de rallier la députée, M. Couillard a annoncé que la question du port des signes religieux chez les employés investis d'un pouvoir de coercition — policiers, juges, procureurs — serait finalement examinée.

La poussière venait à peine de retomber sur cet épisode lorsque le chef libéral s'est mis les pieds dans les plats dans le dossier des finances publiques. Alors que ses députés en Chambre s'époumonaient à exiger que le gouvernement péquiste dépose comme promis un budget équilibré, M. Couillard évoquait publiquement un déficit pour les trois ou quatre prochaines années. Un coup de pouce inattendu pour le PQ, qui n'en demandait pas tant. L'opposition libérale a eu bien du mal par la suite à critiquer la décision du gouvernement de reporter de deux ans le retour au déficit zéro.

Les maladresses apparentes du chef libéral lui ont valu un sobriquet peu flatteur: celui de «Philippe-flop».

Neuf mois après avoir pris les rênes du PLQ, M. Couillard s'est fait élire le 9 décembre dans une complémentaire à Outremont, loin de son lieu de résidence de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. La rentrée prochaine du chef libéral à l'Assemblée nationale sera pour lui l'occasion de reprendre l'offensive, alors que l'écart favorable aux libéraux dans les sondages se rétrécit. Il ne pourra cependant siéger qu'à la reprise des travaux en février.

Du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ), force est de constater que le chef François Legault n'a guère soulevé les passions avec son «Projet Saint-Laurent» et son offensive «Cap sur nos familles». Les propositions caquistes sont passées largement inaperçues, victimes du débat omniprésent sur la charte des valeurs.

Entre la liberté entière prônée par le PLQ et la chasse aux signes religieux du PQ, la CAQ a été incapable d'imposer sa solution de compromis — proscription pour les employés en position «d'autorité», plus les enseignants et direction d'écoles primaires et secondaires.

Si l'on prête foi aux sondages, la CAQ n'arrive pas à s'extirper du troisième rang dans les intentions de vote, loin derrière les deux partis traditionnels. Le départ appréhendé du franc-tireur Jacques Duchesneau d'ici au prochain scrutin, de même que celui, dit-on, de la médecin Hélène Daneault mettront encore davantage en lumière le noyau des anciens adéquistes autour de M. Legault (Gérard Deltell, Éric Caire, Sylvie Roy, François Bonnardel et Marc Picard).

L'ombre de l'ADQ plane sur la CAQ. Des allégations sur le recours illégal aux prête-noms pour le financement de l'ancienne formation de Mario Dumont ont refait surface pendant la session. La poursuite en diffamation intentée par André Boisclair contre le député Duchesneau au sujet d'une affaire de consommation de cocaïne a aussi relégué au second plan les efforts de M. Legault de démarquer la CAQ des «vieux partis».

La fin de l'année a peut-être apporté un peu de réconfort aux troupes caquistes, qui sont parvenues à s'imposer pour permettre l'adoption, sous le bâillon, du projet de loi sur les mines. En mettant fin à cet interminable débat marqué par la partisannerie politique, la CAQ a démontré qu'elle pouvait changer la dynamique des débats.

Il est possible aussi que la CAQ s'allie au gouvernement dans le dossier de la charte des valeurs. M. Legault a dit à de nombreuses reprises qu'il était prêt à ouvrir son jeu pour offrir au PQ l'appui qu'il lui manque. La Coalition s'est cependant peinturée dans le coin en promettant de voter contre le prochain budget du gouvernement péquiste s'il ne revient pas sur sa décision de reporter à plus tard le retour à l'équilibre budgétaire.

Faute de mieux, M. Legault vit d'espoir, et dans sa conférence de presse-bilan de la dernière session, il a prédit un gouvernement majoritaire caquiste en 2014. ///////Martin Ouellet, La Presse Canadienne


Mot à Maux


Rédigé par psa le 31/12/2013 à 07:38
Tags : Couillard Québec Éthique Notez



L’histoire du monde n’a pas toujours réservé la meilleure des places et des performances politiques aux Africains. Voilà qu’en la personne de Nelson Rolihlahla Mandela, le Mādibā, un solide pied a été mis dans la porte pour empêcher que le récit collectif des événements, et particulièrement la mémoire universelle des faits ne soit si cruelle et oublieuse de tout un continent. C’est en mettant en perspective certaines dimensions du contexte de la lutte antiapartheid que l’humanisme de Mandela ressort, suffisamment, pour éclairer la personnalité devant laquelle l’univers entier reste toujours en admiration… Hommage ultime à celui dont la famille humaine reste sa propre famille; hommage majestueux à celui qui a su trouver solution à l’un des problèmes sociaux de son temps.


Majestueusement, Adieu Mandela!
L’émotion qui traverse le monde entier pour honorer autant la personnalité que l’œuvre universellement acclamée du Mādibā est à la hauteur de la dignité et de la conviction avec lesquelles le souci inébranlable du bien commun, dans l’espace public, a été démontré chez cet homme. Abolir et éradiquer l’apartheid –l’odieux système de brutalité raciale qui consacrait sur la terre sud-africaine de l’Azanie, le développement des personnes de race blanche dans les villes séparées et protégées des autochtones de race noire ou d’ascendance métisse et indienne, toutes confinées à des ghettos. D’ailleurs, toutes ces personnes discriminées étaient considérées comme des moins que des sauvages non-porteurs d’aucun soupçon d’humanité. L’horreur et la cruauté ainsi nommées n’ont plus besoin d’aucune autre description pour être comprises de partout et combattues ouvertement.

Nelson Mandela, une fois sa conscience aiguisée par les effets quotidiens d’un tel degré de racisme d’une minorité contre la majorité des citoyens, et qui sévissait dans son pays depuis 1948, se dédia complètement à cette lutte contre l’apartheid pour n’en sortir que victorieux, digne et humble: abolir l’odieux système de l’apartheid et, sans vengeance, réconcilier tous les citoyens d’Afrique du Sud, loin des faciles tentations de règlements de comptes. Une Afrique du Sud multiraciale est depuis née, le 27 avril 1994, malgré tous les tâtonnements d’une nation en construction fragilisée par tant d’années de récrimination.

Et des tâtonnements, le monde en avait connu dans sa dénonciation timorée du système de l’apartheid; les plus célèbres de ses hésitations nous sont venues du président américain Ronald Reagan (1981-1989) et de la Première ministre britannique Margaret Thatcher (1979-1990), deux conservateurs très amis par ailleurs. De toute son autorité, Mme Thatcher traitait inlassablement le Mādibā de vulgaire « terroriste », enlevant par les moyens de son influence, toute la valeur et la noblesse à la lutte que menaient les Sud-africains ainsi qu’une partie importante des États progressistes tout comme de nombreux citoyens indignés du monde, dans le but de mettre fin à l’apartheid. Les avancées de Margaret Thatcher contre le système de l’apartheid seront même reconnues tardives par ses partisans et rapportées par le journaliste Richard Dowden (actuellement directeur de la vénérable Royal African Society londonienne) comme une protection du commerce mondial plutôt qu’un noble rejet du visible crime contre l’humanité : « she opposed apartheid more on the grounds that it was a sin against economic liberalism rather than a crime against humanity ».

Des isolements de l’Afrique du Sud ségrégationniste dans les rencontres internationales à la formation des alliances de « Pays de front », en première ligne desquels les fragiles États africains décidés à combattre le régime de l’apartheid et ses alliés jusqu’aux boycotts spectaculaires des Jeux olympiques dont ceux de Montréal en 1976, tout était mis en œuvre pour que l’apartheid prenne fin au profit de la valorisation de la dignité humaine bafouée dans le traitement infligé à la majorité des citoyens d’Afrique du Sud.

Le don de Mandela
Loin d’être un saint homme, Mandela se reconnaissait volontiers en un « pécheur qui essaie de s’améliorer », et comme tel il participa à toutes les formes de luttes contre l’apartheid et assuma avec une dignité communicative toutes ses années passées en prison pour transformer positivement son pays et nullement sa situation propre. Désespéré par une telle force de caractère, le régime de l’apartheid organisa même des conditions favorables à la fuite de Mandela de certains lieux de sa détention et se donner probablement plus de temps pour perpétuer un système resté totalement déraisonnable.

Icone du dialogue et de la réconciliation de ses concitoyens, Mandela possédait aussi le rare don de considérer la liberté comme un souffle vital aussi utile à l’autre qu’à lui-même: « i[Je savais parfaitement que l’oppresseur doit être libéré tout comme l’opprimé. Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine, il est enfermé derrière les barreaux de ses préjugés […] Quand j’ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur ]i». Ce qui fait dire à Nadine Gordimer, le prix Nobel de littérature 1991, celle qui donna au monde cette sublime réflexion dans L'arme domestique (1998) que « Les formules qui semblent avoir perdu tout leur sens à force d'avoir été répétées trop souvent sont celles qui contiennent le plus de vérité. », cette infatigable militante antiapartheid déclara un jour que son ami Mandela était de cette rare espèce « pour qui la famille humaine est sa propre famille. »

Une si grandiose mission de vie ne pouvait que conduire Mandela par monts et vallées, des prisons aux plus grands palais de ce monde, avant de le voir aboutir –triomphe collective après défaites et humiliations personnelles, comme premier président de l’Afrique du Sud postapartheid, sans vengeance ni haine. Et même là, Nelson Mandela a plutôt joué de la vie que de ses adversaires et encore moins de ses concitoyens, se contentant d’un seul mandat présidentiel, symbolique et annonciatrice de la réconciliation d’un peuple aux mille et une ethnies que tout divisait. Le jour de la proclamation de ce nouvel État, Mādibā donnait le gage d’une nation nouvelle à la face du monde : « Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler l'espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l'engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, Blancs ou Noirs, pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine –une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde. »

L’importance de sa présence
On comprend aujourd’hui –non pas le deuil universellement exprimé et partagé, mais la manifestation et les réprobations mondiales contre la mort de Nelson Mandela. L’un de ses compagnons de prison, Ahmed Kathrada, a su bien traduire ce sentiment général, ambivalent et paradoxal, en confessant que Mandela représentait tant de choses qu’en n’importe quel état physique, sa seule présence vaut bien plus que l’épreuve de sa disparition : « Nous prions pour qu’il puisse rester avec nous aussi longtemps que possible, parce que nous avons besoin de lui, nous avons besoin de sa présence, de sa simple présence, parce qu’il demeure une inspiration pour notre pays, et au-delà de nos frontières. »

Et voilà que désormais, l’éternité ne sera accordée qu’à l’exemplarité de la vie de Mandela; une vie écrite en actes de pardon et de réconciliation certes, mais des actes inlassablement érigés contre toutes les oppressions indues de notre temps. À l’heure des technologies de l’information et des médias sociaux, disparait-on vraiment, lorsque l’on s’appelle Nelson Rolihlahla Mandela et que Google, le Temple de la vie médiatique mondiale, consacre un Mémorial électronique unique à l’ensemble de votre vie, et de votre vivant même?

Si la vie a quitté Nelson Mandela, celui-ci est loin de quitter notre vie commune dont il féconde les nombreuses et vertueuses aspirations. Mission accomplie pour cet homme au nom évocateur de Rolihlahla, le «Fauteur de troubles», « Celui par qui les ennuis arrivent », celui-là même qui a su trouver solution à l’un des problèmes de son temps, notre époque moderne, en empêchant le monde de tourner en rond autour de l’apartheid.

Majestueusement adieu Mandela!


Ad Valorem


Rédigé par psa le 07/12/2013 à 18:38
Tags : Afrique Démocratie Mandela Notez



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