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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




À partir du « Coup d’état le plus bête du monde » que reconnaît d’ailleurs un Gilbert Diendéré, aujourd’hui débarrassé de l’emprise éternelle de son mentor et de sa femme, et avouant que son « plus grand tort est d’avoir fait ce putsch », jusqu’à la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle, Vincent Foly met en perspective « les leçons d’une semaine folle » au Burkina Faso. Édifiant rappel! De son côté, Macky Sall a confirmé qu’il existe réellement un syndicat rétrograde des chefs d’États africains, et Blaise Compaoré a compris que son étoile a définitivement pâli. L’histoire est toujours du côté du Peuple, celles et ceux qui subissent les pouvoirs sans avoir les moyens de se défendre, jusqu’au jour de leur revanche. Leçons pour tous!


Peuple burkinabè en colère
Peuple burkinabè en colère

Que retenir de cette semaine folle du mercredi 16 au mercredi 23septembre 2015, où le Burkina a failli basculer dans le chaos ? Deux images contrastées relayées par les télévisions du monde entier résument à merveille la nouvelle ère qui s’ouvre au Pays des Hommes Intègres et à l’Afrique toute entière : celle d’un président Kafando, d’ordinaire pondéré et très mesuré dans ses propos, abandonnant la langue de bois diplomatique pour prononcer ce qui apparaîtra demain comme le discours le plus important de sa vie.

Un discours d’hommage à la résistance du peuple face à ce qu’il a appelé ‘’l’imposture et l’usurpation ‘’ du pouvoir. La deuxième image est celle du visage livide de Diendéré, général d’opérette, spécialiste de coups tordus qui a avoué, sans sourciller et, toute honte bue, que son coup de force insensé avait lamentablement échoué.

Les termes utilisés par l’un et l’autre témoignent d’une réelle prise de conscience des vraies aspirations du peuple burkinabé dans toutes ses composantes. Le discours de Kafando est truffé de constantes références au combat du peuple burkinabé et à l’énorme sacrifice consenti par sa jeunesse. Il n’a que du mépris pour les auteurs du coup d’État. Quant au projet d’accord soumis par la Cedeao, les propositions ne seront prises en compte, dira-t-il, que si « elles répondent aux aspirations du peuple exprimées dans la charte de la transition ». Un camouflet à la Cedeao !

Les leçons d’une semaine historique au Burkina
Diendéré qui n’a pas prononcé de discours, a choisi, quant à lui, de s’épancher au micro des journalistes sur ses regrets. « Le plus grand tort conclut-il, est d’avoir fait ce putsch. Aujourd’hui, poursuit-il, quand on parle de démocratie on ne peut plus se permettre de faire des actions de ce genre. Le coup d’État s’est fait compte tenu d’un certain nombre de raisons que nous avons évoquées lors de la proclamation (du putsch). Nous avons vu ce qui s’est passé. Nous avons vu que le peuple n’était pas favorable. C’est pour ça que nous avons tout simplement abandonné. »

Et voilà la grande leçon de cette semaine folle où tout a failli basculer. Les putschistes de la nuit du 16 au 17 septembre ont tout prévu sauf la détermination de tout le peuple burkinabè à s’opposer à leur aventure insensée. En octobre dernier le peuple s’est soulevé contre la volonté d’un homme de s’éterniser au pouvoir. Blaise Compaoré en tiré toutes les conséquences et a préféré prendre la route de l’exil. En ce mois de septembre c’est l’ensemble du peuple qui a encore dit non cette fois-ci au coup d’État qui remettait en cause la transition.

Contrairement à ce qui s’est passé au Burundi où la soldatesque en furie a maté les résistants, la mobilisation populaire au Burkina-Faso n’a pas faibli. Les travailleurs ont déclenché une grève illimitée, tandis que les manifestants occupaient les rues de toutes les provinces. Le président du CNT Chérif SY qui a échappé à la séquestration par les soldats du Rsp s’est autoproclamé chef d’État en l’absence du président Kafando. Pendant que les responsables du mouvement dit du « Balai Citoyen » appelaient ouvertement le peuple à la résistance.

Les leçons d’une semaine historique au Burkina
C’est dans cette atmosphère surchauffée que le président Macky Sall a rendu publiques les propositions de projet d’accord de la Cedeao aussitôt rejetées par toute l’opposition. En cause, l’amnistie aux auteurs du coup d’État et la non exclusion des anciens du Cdp. La tension est montée de plusieurs crans, lorsque tous les chefs de corps des unités de défense ont décrété un ultimatum aux forces rebelles du Rsp leur enjoignant de déposer les armes. Les rapports de force se sont aussitôt inversés : 1300 putschistes contre les 10.000 à 13.000 soldats loyalistes. Tous les Burkinabè ont retenu leur souffle et, avec eux, toute la sous-région ouest-africaine.

Nous étions à la veille du sommet de la Cedeao et tout le monde avait craint le pire. Fort heureusement, il n’est pas arrivé, du moins pour l’instant. Diendéré qui comptait sur ses soutiens occultes au sein du syndicat des chefs d’État de la Cedeao-suivez mon regard !-, pour résister à l’ultimatum des autres corps de l’armée, a été contraint de jeter l’éponge. La Cedeao et son président en exercice qui n’a pas daigné faire le déplacement de Ouaga pour réinstaller Kafando de peur de subir l’ire des populations ont pigé la leçon : on ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple.

Une leçon à la Cedeao elle-même pour la résolution des conflits ultérieurs, mais aussi à tous les Africains qui ploient sous le joug de dictateurs aux petits et grands pieds. Une leçon surtout aux Burundais et autres Congolais de Brazza et de Kinshasa dont les présidents ne manifestent aucune volonté de quitter le pouvoir au terme de leur mandat.

On ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple
On ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 26/09/2015 à 03:00



Si la FIFA était un meuble, nul doute qu’il compterait d’innombrables tiroirs. Le nouveau développement à travers une procédure pénale contre Sepp Blatter, en Suisse même, ouvre la voix à toutes les désacralisations et les déshonneurs dans le football mondial. Comme une trainée d’histoire sans fin, l’impossible est désormais football avant le règne d’une nouvelle ère éthique.


Comme une pluie de dollars sans fin
Comme une pluie de dollars sans fin
Le président démissionnaire de la FIFA, Joseph S. Blatter, devait tenir, ce vendredi après-midi, une conférence de presse au sortir de la réunion du comité exécutif de la FIFA. Elle a finalement été annulée. Terrain glissant, sans doute… Sepp Blatter n’a pas oublié sa déconvenue fin juillet devant les médias, lorsqu’un comédien britannique lui lança une liasse de billets de 1 dollar.

Cette conférence devait être la première prise de parole de Sepp Blatter depuis l’éviction la semaine dernière de son secrétaire général et bras droit, le Français Jérôme Valcke, soupçonné de prise d’intérêts dans la revente de billets VIP au marché noir.

Dans son communiqué de presse, la FIFA annonce vouloir améliorer sa gouvernance et la participation des femmes dans le football. Le comité exécutif accepte l’idée d’amender l’article 36 de son code éthique afin de permettre au comité d’éthique de médiatiser ses pistes de réflexion, propositions, travaux et conclusions. Cela amènerait certainement plus de transparence au sein de la FIFA, mais la proposition doit encore être validée par la commission juridique. Si la FIFA était un meuble, nul doute qu’il compterait d’innombrables tiroirs.

Le comité exécutif a également encouragé une plus grande participation des femmes à la vie du football mondial. Il y aura ainsi plus de femmes au sein des délégations de la coupe du monde… féminine des moins de 20 ans. François Carrard, président du comité de réformes FIFA 2016, est venu présenter l’avancée de ses travaux. Il soumettra une série de réformes au comité exécutif en décembre 2015.

Enfin, le comité exécutif a réaffirmé qu’il n’y aurait pas d’obligation pour les clubs de libérer les joueurs appelés à disputer le tournoi olympique de football, en août 2016 à Rio de Janeiro. Cette épreuve ne faisant pas partie du calendrier des matchs internationaux, la FIFA ne peut que demander aux clubs de jouer le jeu de l’olympisme.

Blatter et Platini entendu

Vendredi après-midi, Blatter devait prendre la parole à 14 heures à l'issue du comité exécutif de la Fifa, le gouvernement du foot mondial, réuni depuis jeudi au siège de l'instance à Zurich. Mais l'intervention du Suisse de 79 ans a été repoussée une première fois à 15 heures avant d'être purement et simplement annulée, alors que 150 journalistes du monde entier s'étaient accrédités.

Quelques minutes plus tard, l'explication est venue d'un communiqué du Ministère public suisse (MPC) : des enquêteurs ont "auditionné Joseph Blatter en qualité de prévenu" et "en parallèle, Michel Platini (également un des vice-présidents de la Fifa) a été entendu en qualité de personne appelée à donner des renseignements", de témoin donc.


Le Valaisan Blatter, président de la Fifa depuis 1998 et qui avait remis son mandat à disposition le 2 juin jusqu'à de nouvelles élections le 26 février, est soupçonné par le MPC "de gestion déloyale (qui s'apparente à de l'abus de bien sociaux) et, subsidiairement, d'abus de confiance". Blatter, par la voix de son avocat américain Richard Cullen, a assuré "coopérer" avec la justice suisse et récusé toute "mauvaise gestion".

Blatter est tout d'abord accusé d'avoir "signé un contrat défavorable à la Fifa avec l'Union caribéenne de football (CFU), dont Jack Warner était le président. En clair, "Sepp" aurait vendu très en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux 2010 et 2014 au sulfureux Warner (dont le nom revient dans tous les dossiers) en 2005, comme l'avait révélé le 12 septembre la chaîne de télévision suisse SRF.

Mais il est également "reproché à Joseph Blatter un paiement (illicite) de 2 millions de francs suisses en faveur de Michel Platini au préjudice de la Fifa, prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002". "Ce paiement a été exécuté en février 2011", souligne la justice suisse, sans donner plus de détails et préciser donc la nature de ces travaux.


Pendant que les journalistes attendaient en vain devant le siège de la Fifa, la justice suisse procédait donc, avec la police, à "une perquisition" au siège de la Fifa, et particulièrement au "bureau du président (Blatter)". Des "données ont été saisies", a juste commenté le MPC, avant de conclure : "Comme tout prévenu, Joseph Blatter est présumé innocent."

La Fifa s'est contentée d'indiquer dans un communiqué "coopérer avec la justice suisse depuis le 27 mai", et ne pas vouloir faire "d'autre commentaire tant que des enquêtes sont en cours".

Sans oublier Valcke ni Warner

Cette nouvelle déflagration judiciaire au sommet du foot mondial intervient une semaine après la dernière secousse. Le secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke, avait été relevé de ses fonctions la semaine dernière, accusé par la presse britannique, sur dénonciation d'un consultant de l'instance mondiale, d'avoir touché des commissions sur une revente de billets au marché noir.

Ce jeudi, alors que les travaux du comité exécutif avaient commencé, la justice suisse avait obtenu "sous conditions" de la Fifa (des conditions non explicitées) le déblocage et la livraison des mails de Valcke, pièce centrale des allégations.

Et, pour que le tableau soit complet, ce vendredi encore, la justice trinidadienne a fixé au 2 décembre la date de l'audience sur l'extradition aux États-Unis de Jack Warner, un des anciens vice-présidents de la Fifa, figure de premier plan dans le scandale de corruption qui éclabousse la Fédération internationale.


Pendant ce temps, en coulisses, le feuilleton de l’élection du 26 février 2016 qui désignera un successeur à Sepp Blatter se poursuit. Jeudi après-midi, Zico, l’un des candidats déclarés, a convoqué les journalistes dans un hôtel de Zurich pour détailler son programme. Mais l’ancien joueur vedette de la Seleçao a aussi confié qu’il n’avait pas encore ses cinq parrainages de fédérations pour concourir… La date limite des dépôts de candidatures officielles est le 26 octobre 2015, dans un mois.//////Laurent Favre

Silence


Rédigé par psa le 25/09/2015 à 11:35



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